Nous savons que le sommeil aide le cerveau à emmagasiner les souvenirs et les apprentissages. Si le mécanisme derrière ce lien restait jusque-là assez mystérieux, une équipe de l’hôpital universitaire de la Charité de Berlin vient de faire une découverte intéressante.
Le sommeil à ondes lentes – l’un des deux types de sommeil – rend le néocortex, l'emplacement de la mémoire à long terme, particulièrement réceptif aux nouvelles informations. Les résultats ont été présentés dans la revue Nature Communications, le 12 décembre 2024.
Sommeil : les ondes lentes renforcent les synapses
Pour mieux comprendre la formation des souvenirs pendant le sommeil, les chercheurs se sont procurés des échantillons de tissus néocorticaux humains intacts prélevés chez 45 patients alors qu’ils subissaient une neurochirurgie pour traiter l'épilepsie ou une tumeur au cerveau. L’équipe a ensuite simulé des fluctuations de tension électrique semblables à celles observées lors du sommeil profond. La réponse des cellules nerveuses a ensuite été mesurée grâce à des micropipettes en verre.
Les données obtenues montrent que les connexions synaptiques entre les neurones du néocortex deviennent bien meilleures après que l'activité neuro-électrique soit passée de faible à haute. "Pendant cette brève fenêtre de temps, le cortex peut être considéré comme ayant été placé dans un état de préparation élevée. Si le cerveau rejoue une mémoire exactement à ce moment-là, elle est transférée à la mémoire à long terme de manière particulièrement efficace. Ainsi, le sommeil à ondes lentes soutient évidemment la formation de la mémoire en rendant le néocortex particulièrement réceptif pendant de nombreuses courtes périodes", explique Franz Xaver Mittermaier, chercheur à l'Institut de neurophysiologie de la Charité et premier auteur de l'étude, dans un communiqué.
Sommeil et mémoire : le moment pour la formation des souvenirs identifié
Les chercheurs avancent que ces résultats pourraient aider à optimiser les approches de traitement destinées à traiter les troubles de la mémoire, comme l’électrostimulation transcrânienne.
"À l'heure actuelle, ces approches de stimulation sont optimisées par essais et erreurs. Ce qui est un processus laborieux et chronophage", explique le professeur Jörg Geiger, directeur de l'Institut de neurophysiologie de la Charité et responsable de l’étude. "Nos conclusions sur le timing parfait pourraient y contribuer. Maintenant, pour la première fois, ils permettent le développement ciblé de méthodes de stimulation pour contribuer à la formation de la mémoire."