Environ 10,2 milliards d’euros. C’est le montant versé pour des jours indemnisées en France l’année dernière. Pour obtenir ces chiffres, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (CNAM) ont analysé l’évolution des arrêts maladie selon l’âge, le sexe et le secteur d’activité des salariés du privé et contractuels de la fonction publique entre 2010 et 2023. "Les données ne portent que sur les arrêts ayant donné lieu à une indemnisation par l’Assurance Maladie et n’incluent pas les arrêts de 3 jours ou moins soumis à un délai de carence."
Arrêts maladie : une augmentation de 3,9 % des jours indemnisés par an entre 2019 et 2023
La hausse tendancielle du volume d’arrêts maladie s’est accentuée entre 2019 et 2023, avec une augmentation de 3,9 % par an, soit "au-delà des soubresauts enregistrés de 2020 à 2022 liés à la crise sanitaire". Selon l’étude, cette tendance ascendante d’avant-crise est liée à la dynamique de l’emploi et au vieillissement de la population active, mais elle est aussi la marque d’une hausse de la sinistralité (en taux de recours et en durée) à âge donné. Cependant, l’accentuation de la hausse enregistrée entre 2019 et 2023 est principalement due à une progression plus forte qu’auparavant des taux de recours. "La forte hausse des montants des jours indemnisés à partir de 2022 s’explique par ailleurs par plusieurs revalorisations exceptionnelles du Smic depuis octobre 2021 consécutives à l’inflation. Ces revalorisations bénéficient surtout aux plus jeunes."
D’après les résultats, la hausse du nombre total de journées indemnisées concerne toutes les catégories de salariés. Sur la période 2019-2023, l’augmentation du taux de recours est aussi très marquée pour les tranches d’âge les plus jeunes. Depuis 2010, les arrêts maladie ont augmenté chez les hommes et les femmes, mais plus fortement pour ces dernières. Cette sinistralité croissante chez les femmes se constate à tous les âges. "Elle ne peut s’expliquer qu’en très faible partie par la hausse de leur participation au marché du travail, car cette hausse est beaucoup plus lente que celle de leurs arrêts maladie."
60 % des montants versés pour les arrêts pour accidents du travail et maladies professionnelles
En 2023, le nombre de journées d’arrêts maladie indemnisées s’est stabilisé, après avoir fortement augmenté de 2020 à 2022, mais tout en restant à un niveau beaucoup plus élevé que celui de 2019. L’année dernière, les arrêts pour accidents du travail et maladies professionnelles représentaient 60 % des dépenses d’indemnités journalières, "alors que les dépenses consacrées aux congés maternité et d’adoption (2,7 milliards d’euros) se stabilisent dans un contexte de baisse de la natalité".