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Addiction

L'abus d'opioïdes peut modifier le cerveau

Les personnes dépendantes aux opioïdes subissent des changements structurels et fonctionnels dans des régions cérébrales spécifiques qui contiennent de grandes quantités de récepteurs à cette famille de substances.

L'abus d'opioïdes peut modifier le cerveau Darwin Brandis/iStock




L'ESSENTIEL
  • Chez les adultes accros aux opioïdes, le thalamus et le lobe temporal médian droit du cerveau, où se trouvent les récepteurs opioïdes, sont plus petits, tandis que d'autres régions cérébrales, comme le cervelet et le tronc cérébral, sont plus grandes.
  • Ces régions cérébrales semblent présenter une connectivité fonctionnelle accrue entre elles.
  • Des différences entre les hommes et les femmes en ce qui concerne les changements cérébraux liés à la dépendance aux opioïdes ont été observées.

Aux États-Unis, la crise des opioïdes frappe le pays depuis plus de vingt ans et s'impose comme un fléau dans le paysage social et sanitaire. En effet, environ 2,5 millions d’Américains souffrent de troubles liés à l'utilisation de ces médicaments et, en 2023, 81.000 décès par overdose impliquant des opioïdes ont été enregistrés. Pour rappel, il s’agit d’une famille de substances d’origine naturelle ou de synthèse obtenues à partir de l’opium, une substance extraite du pavot. Connu pour leurs effets analgésiques et sédatifs, certains traitements, comme la morphine, la codéine et le fentanyl, sont fréquemment utilisés pour la prise en charge de la douleur.

Certaines régions cérébrales où se trouvent les récepteurs opioïdes sont plus petites

"De précédentes recherches ont évoqué des altérations cérébrales associées au trouble de la consommation d'opioïdes. Cependant, elles ont été limitées par la petite taille des échantillons, le faible nombre de participantes et les analyses monomodales", ont indiqué des chercheurs de l'école de médecine de Yale (États-Unis). Dans une étude, ces derniers ont ainsi voulu vérifier cette suggestion en recrutant 105 personnes, âgées en moyenne de 27 ans, en bonne santé et 103 adultes, ayant en moyenne 37 ans, dépendants aux opioïdes. Les participants ont fait des scanners cérébraux, plus précisément des IRM structurelles et fonctionnelles. Les IRM fonctionnelles permettent de mesurer l'activité cérébrale en détectant les changements dans le flux sanguin, tandis que les IRM structurelles prennent des clichés de la forme des différentes régions du cerveau.

Par rapport aux volontaires en bonne santé, les patients ayant des troubles liés à l'utilisation d’opioïdes présentaient des volumes plus petits dans le thalamus et le lobe temporal médian droit. Dans ces régions, on retrouve des récepteurs opioïdes. Selon les résultats, parus dans la revue Radiology, des volumes plus importants ont été observés dans le tronc cérébral et le cervelet. "Une connectivité fonctionnelle accrue a été constatée dans le thalamus, le cervelet droit et le tronc cérébral. La structure et la fonction étaient positivement corrélées dans le cervelet et le tronc cérébral", peut-on lire dans les travaux.

Dépendance aux opioïdes : des différences entre les sexes en termes de changements cérébraux

Les résultats ont également noté certaines différences entre les hommes et les femmes en ce qui concerne les changements cérébraux liés à la dépendance aux opioïdes. "Une interaction entre le sexe et le groupe a été trouvée pour le volume du cortex préfrontal médian, les patients ayant des volumes plus importants que les participants dans le groupe dépendant aux opioïdes." À partir de ces découvertes, l’équipe veut désormais analyser ce qu'elles signifient et comment elles peuvent influencer le comportement d'une personne. Les futurs travaux devront également déterminer si ces changements cérébraux sont permanents ou s'ils disparaissent après qu'une personne ait reçu un traitement contre l’addiction.

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