Quelles sont les nouvelles tendances du marché de la drogue ? C’est la question à laquelle ont répondu des experts de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (ODFT) dans un rapport publié ce 17 décembre. Pour mener à bien l’étude, ces derniers ont utilisé le dispositif Système d’identification national des toxiques et des substances (SINTES), mis en place en 1999, qui est un outil d’observation de la composition des produits psychoactifs illicites reposant sur dix-sept coordinations locales. "Au total, 731 collectes de produits psychoactifs ont été réalisées dans le cadre du dispositif SINTES de l’OFDT en 2023, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2022."
Les cathinones de synthèse présentent un "risque élevé de complications neuropsychiatriques"
Selon le Point SINTES n°10, soit une synthèse des collectes effectuées en 2023, la cocaïne collectée reste très concentrée en principe actif et peu adultérée. Une tendance qui avait déjà été observée depuis 2018. En ce qui concerne l’héroïne, les valeurs indicatives de teneur en principe actif restent stables en 2023, "dans l’attente d’un potentiel changement dû à la nette diminution de la production d’opium en Afghanistan". Cependant, des échantillons contenant des cannabinoïdes de synthèse, vendus comme de l’héroïne ont fait l’objet d’une alerte sanitaire en Île-de-France.
"Les analyses de MDMA/ecstasy confirment des teneurs en principe actif élevées pour la forme cristal et une importante variabilité́ pour les comprimés", peut-on lire dans le rapport. Pour la cocaïne rose (le plus souvent une association de kétamine et de MDMA), peu d’échantillons ont été collectés l’an dernier. Même constat pour la 3-MMC ou 3-methylmethcathinone, une molécule synthétique dérivée des cathinones. "L’année 2023 a été marquée par l’identification de cathinones de synthèse, placées sous surveillance par l’EWS (European Warning System) de l’Agence européenne des drogues (EUDA) en raison du risque élevé de complications neuropsychiatriques. Cependant, très peu de données sont actuellement disponibles pour mieux comprendre ces risques", a ajouté l’OFDT.
Cannabis : les nouvelles formes peuvent être à l’origine d’intoxications aiguës
Côté cannabis, les collectes correspondent à des nouvelles formes du produit et à des teneurs élevées en THC. Certains sont très concentrés et peuvent provoquer des intoxications aiguës. En outre, une diversification des produits contenant des cannabinoïdes de synthèse, notamment sous une forme comestible, a été observée en 2023. "La diffusion de l'hexahydrocannabinol (HHC), un dérivé du cannabis apparu en France en 2022 et classé comme stupéfiant en juin 2023, ainsi que d'autres cannabinoïdes hémisynthétiques, se poursuit en 2023. De plus, l'analyse des e-liquides révèle une grande variété de cannabinoïdes de synthèse, consommés par des utilisateurs très jeunes."
Enfin, des nitazènes, une nouvelle classe d’opioïdes de synthèse avec une puissance pharmacologique élevée et classée comme stupéfiant en juillet 2024, ont été identifiés par le dispositif SINTES en 2023, notamment dans le cadre de deux alertes sanitaires à Montpellier et à La Réunion.