- D’après les chercheurs, des formes de solitude moins "extrêmes", comme lire dans un café ou écouter de la musique dans les transports, sont plus susceptibles de restaurer l’énergie et de maintenir un sentiment de connexion sociale.
- "La solitude n’est pas simplement l’opposé de l’interaction sociale. Alors qu’une interaction sociale intense renforce les liens mais épuise l’énergie, une solitude intense épuise à la fois l’énergie et le sentiment de connexion."
- Les effets de la solitude varient toutefois selon l’attitude de la personne. Ceux qui voient la solitude comme une opportunité de restauration et de reconnexion future en tirent davantage de bénéfices.
Si vous pensez qu'une randonnée en forêt en solitaire, dans un isolement total, est l’idéal pour se ressourcer, une nouvelle étude américaine pourrait bien vous faire changer d’avis. D’après les chercheurs, des formes de solitude moins "extrêmes", comme lire dans un café ou écouter de la musique dans les transports en commun, sont plus susceptibles de restaurer l’énergie et de maintenir un sentiment de connexion sociale. Les détails ont été publiés dans la revue PLOS One.
On sait que la solitude joue un rôle central dans le bien-être, notamment en renforçant les liens sociaux, un facteur clé pour la santé globale. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) aux États-Unis soulignent que des relations sociales solides sont associées à une vie plus longue, une meilleure santé mentale et un risque réduit de maladies graves comme les pathologies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et la démence.
Solitude relative ou isolement total
A ce titre, des chercheurs de l’Université d’Etat de l’Oregon et de l’Université de l’Ohio ont interrogé près de 900 adultes pour comprendre l’impact de différents types de solitude. Ils ont ainsi conçu une "matrice de la solitude" allant du niveau de base – aucune interaction – au niveau total, "où l’on est à la fois inaccessible aux autres et déconnecté des médias", selon un communiqué. Leur conclusion : des activités impliquant une solitude relative, comme jouer sur son téléphone ou aller au cinéma en solo, offrent des avantages supérieurs à des formes d’isolement total, comme écrire dans une maison reculée en campagne.
Contrairement à une croyance commune, les scientifiques expliquent : "La solitude n’est pas simplement l’opposé de l’interaction sociale. Alors qu’une interaction sociale intense renforce les liens mais épuise l’énergie, une solitude intense épuise à la fois l’énergie et le sentiment de connexion." Cette étude vient remettre en question l’idée que la solitude sert à compenser la fatigue sociale. En effet, les interactions sociales demandent de l’énergie – une sorte de "batterie sociale" – que la solitude n’a pas toujours la capacité de recharger.
Un équilibre entre énergie personnelle et connexion sociale
Les effets de la solitude varient toutefois selon l’attitude de la personne, note l’étude. Ceux qui voient la solitude comme une opportunité de restauration et de reconnexion future en tirent davantage de bénéfices. "Si vous choisissez la solitude pour restaurer votre énergie et prévoyez de retrouver d’autres gens plus tard, elle vous fera probablement du bien. Mais si vous l’adoptez par rejet des interactions sociales, elle risque de vous déprimer davantage."
Un constat qui s’applique "aussi bien aux extravertis qu’aux introvertis", qui peuvent tous bénéficier de la solitude lorsqu’elle est choisie de manière constructive. Dans un monde hyperconnecté, comprendre et modérer ses choix de solitude peut ainsi contribuer à un équilibre entre énergie personnelle et relations sociales, concluent les auteurs.