Le 17 novembre 2022, Gwendoline entrait dans une salle d’opération pour subir une sleeve, une chirurgie bariatrique qui consiste à retirer une partie de l’estomac. L’objectif de la jeune femme qui avait alors 28 ans et pesait 117,8 kilos, était - bien sûr - de perdre du poids, mais aussi de réaliser son rêve de devenir maman.
En effet, rencontrant des difficultés à tomber enceinte, elle s’était approchée d’un centre de PMA. Les médecins lui avaient à ce moment-là indiqué que son obésité pouvait être une des causes de ses troubles de fertilité. Ils avaient aussi ajouté qu’elle devait atteindre 90 kg pour avoir accès à une FIV.
Si cela n’a pas toujours été un chemin facile comme elle l’avait confié en mai 2023 à Pourquoi Docteur, la sleeve a réservé une belle surprise à Gwendoline, bien au-delà de voir les chiffres de sa balance baisser rapidement… Elle est tombée enceinte naturellement, un peu plus d’un an après l’opération.
PMA : "Dans ma tête, je me dis : ça fait 7 ans que tu attends, ne rêve pas"
Étant descendue bien en dessous de l’objectif donné par les professionnels de santé, Gwendoline est retournée au centre de PMA, huit mois après sa sleeve. Son mari Pierre et elle ont encore essuyé un nouveau refus de l’équipe. La raison ? Il est recommandé d’attendre un an après une opération chirurgicale comme la sleeve pour entamer le parcours de la FIV. Néanmoins, les retours sur leur dossier restent encourageants.
"Nous avons repris rendez-vous fin octobre. J'avais cette fois-ci perdu presque 50 kg au total, soit 10 kg de plus par rapport à notre consultation de juin. Le rendez-vous se déroule, là aussi, bien. Tous les feux sont au vert. ENFIN !! On reprogramme un spermogramme pour monsieur. Pour moi, une hystérosalpingographie. Il s’agit d’une radio des trompes effectuée après l’injection d'un produit pour voir si celles-ci sont bouchées. On nous programme aussi un rendez-vous avec la psychologue et la biologiste, deux éléments obligatoires pour faire passer notre dossier en commission", se souvient Gwendoline.
Le couple se plie sans sourciller à ces demandes. La trentenaire fait la “fameuse radio des trompes” et les résultats sont bons : elles ne sont pas bouchées. "À la fin de ce rendez-vous début décembre 2023, le médecin qui me l’a fait, me dit qu'il arrive qu'après cet examen certaines femmes tombent enceinte, car le produit injecté fait comme un lavement des trompes. Ce qui permet aux spermatozoïdes de mieux passer", explique Gwendoline. "Dans ma tête, je me dis : ça fait sept ans que tu attends, ne rêve pas."
Quelques jours après, les époux apprennent que leur dossier pour la FIV a reçu l'approbation de la commission. Leur premier rendez-vous pour entamer leur parcours de PMA est alors fixé au 6 février 2024, soit deux mois d’attente encore. "Je trouve le temps très long, mais pas le choix d'attendre. Mais après plus de 7 ans d’essais pour avoir un bébé, on n'est plus à quelques semaines près de toute façon."
Désir d’enfant et chirurgie bariatrique : "Et là, le choc, je vois une très légère barre"
Et finalement, l’attente de voir son désir d’enfant se réaliser ne sera, en effet, plus très longue. "Le lundi 29 janvier, je me réveille en ayant rêvé que j’étais enceinte… J'attends que monsieur parte au travail et je retourne à la maison pour trouver un test de grossesse. Je le fais, il est 8h20, sans grande conviction. Je me dis qu'une fois de plus, je me fais des films. Quelques minutes après, je regarde le test. Et là, le choc, je vois une très légère barre. Je me dis que ce n'est pas possible. Je regarde le test dans tous les sens et la fine deuxième barre est bien là. Je le prends en photo. Je l'envoie à ma belle-sœur et à une amie. Elles me confirment toutes deux voir la deuxième barre."
Gwendoline appelle immédiatement la sage-femme qui la suit depuis plusieurs années. Elle lui envoie par mail une ordonnance lui permettant de faire une analyse de sang en laboratoire. En revanche, la future maman n’ose pas prévenir le papa, de peur de lui donner un faux espoir... après tant d’années de lutte contre l’infertilité.
"Après ma prise de sang, j’accompagne comme prévu mes grands-parents à un rendez-vous. Nous sortons de la consultation vers 15h30, je regarde alors mon téléphone et j'ai un mail du laboratoire avec mes résultats. C'était bien POSITIF ! C’est le tout début de grossesse, car le taux beta HCG était de 23UI/L (le taux est supérieur 5UI/L en cas de grossesse)."
"Sur la route du retour, seule dans ma voiture, je fonds en larmes. Je reçois l'appel de mon parrain qui voulait des nouvelles concernant le rendez-vous de mon grand-père. Quand il m'entend pleurer, il me demande ce qu'il se passe. C’est comme ça qu'il a été au courant avant tout le monde."
Pour annoncer la très bonne nouvelle à son mari Pierre, Gwendoline lui a offert, le soir à son retour du travail, une boîte contenant de petits chaussons. À la vue de ces petits effets pour bébé, il a immédiatement compris que leur rêve de famille prenait vie. "Vous connaissez la suite : le rendez-vous pour la FIV a été annulé et la grossesse a continué", ajoute-t-elle heureuse.
Grossesse : "J'ai bien entendu eu un suivi plus particulier en raison de ma sleeve"
Est-ce que les femmes ayant eu une sleeve ont des grossesses plus compliquées ? "J'ai bien entendu eu un suivi plus particulier en raison de ma sleeve. Chaque mois, j’avais un contrôle via une prise de sang pour vérifier les taux de vitamines ainsi que le diabète. En effet, le test du diabète gestationnel n’est pas compatible avec une sleeve ou un by-pass. J’avais également tous les mois un bilan chez ma sage-femme où l’on écoutait le cœur ainsi qu’un rendez-vous chez la gynécologue pour une échographie de croissance afin de voir si bébé grandissait bien."
Et à part un plus grand nombre de rendez-vous médicaux, Gwendoline n'a pas eu une grossesse différente que celle d’une “femme classique”. Il n'y a pas de risques accrus que cela soit pour elle ou pour le bébé. Sa seule consigne supplémentaire était de “faire attention à bien manger et rajouter des collations afin que bébé ait les apports nécessaires”.
"La grossesse s'est très bien déroulée, la prise de poids a été minime : environ 7 kg." Toutefois, voir la balance grimper à nouveau n’a pas été simple pour la future maman. "J'ai eu très peur de prendre beaucoup de poids. Ça a d'ailleurs été compliqué au début. Mais j'ai très vite relativisé en me disant que la prise de poids était normale et nécessaire pour le bien-être du bébé."
“Garance est née à 15h03”
Les semaines ont filé pour se transformer en 9 mois… et l'événement tant espéré est arrivé. Garance a vu le jour le 10 octobre 2024, soit 23 mois après la sleeve. Le joli bébé mesurait 49 cm pour 3,4 kg.
"L'accouchement s'est bien passé, j'ai accouché à 40 SA +1 jour. Nous sommes arrivés à la maternité à 2h et Garance est née à 15h03". Un petit bémol : "la péridurale n'a pas fonctionné. Elle a bien été posée, mais ne soulageait pas mes contractions", se rappelle la maman. Mais tout cela a vite été mis de côté quand Gwendoline a tenu sa fille dans ses bras.
Rentrer à la maison pour commencer leur vie à trois quelques jours plus tard a été un moment fort pour la nouvelle famille. Sans remettre en question ce bonheur immense, Gwendoline reconnaît que les premières semaines ont été compliquées. "Allaitement difficile à mettre en place, manque de sommeil, s'habituer à ne plus être seul, ne plus être libre de faire ce que l'on veut quand on veut… Finalement, je trouve qu'on n'est pas si bien préparé à ça." Mais maintenant les jeunes parents "ont bien pris le coup". Ils parviennent à s’adapter au rythme de bébé sans rien s’interdire, non plus.
Leur petite Garance est un nourrisson en pleine forme qui grandit et grossit bien. Elle fait plein de sourires et commence même à essayer de “parler”. Elle aura deux mois et demi le jour de Noël. Et sa famille fait tout pour que ce moment soit magique. "Même si elle ne se souviendra pas de tout ça, de son premier Noël, de ses premiers cadeaux, je veux que plus grande, elle sache que j'ai fait tout mon possible pour que son premier Noël avec nous soit le plus merveilleux", confie la jeune mère.
Les fêtes de fin d'année se prêtent bien au bilan. Et pour Gwendoline, il est plus que positif. "Deux ans après ma sleeve si je devais recommencer, je le ferais. Cette opération m'a fait perdre 50 kg et m'a donné le plus beau des cadeaux : ma fille."