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Cognition

Le sexisme, un facteur de risque de déclin de la mémoire chez les femmes ?

Par Stanislas Deve

Les femmes confrontées à davantage de sexisme systémique subissent un déclin de la cognition et de la mémoire plus rapide que les autres en vieillissant, selon une étude menée aux Etats-Unis.

Moor Studio / istock
Les femmes nées dans les Etats les plus sexistes des Etats-Unis subissent un déclin mémoriel plus rapide que celles nées dans les Etats les moins sexistes, selon une nouvelle étude.
Cette différence, équivalente à neuf ans de vieillissement cognitif, est liée aux inégalités systémiques de ressources et de pouvoir appelées sexisme structurel.
L’étude, basée sur les performances mémorielles de 21.000 femmes et les niveaux historiques de sexisme structurel, montre un effet aggravé pour les femmes noires, qui subissent à la fois sexisme et racisme.

L'écart est tout de même équivalent à neuf ans de vieillissement cognitif. Les femmes nées "dans les Etats les plus sexistes des Etats-Unis" connaissent un déclin mémoriel plus rapide en vieillissant que celles nées "dans les Etats les moins sexistes". C’est ce que révèle une équipe de chercheurs du Vagelos College of Physicians and Surgeons, de l’Université Columbia, dans une étude publiée dans la revue Alzheimer's & Dementia.

Le sexisme structurel, un facteur d’inégalité durable

Contrairement aux actes individuels de sexisme, le sexisme structurel décrit les inégalités systémiques dans l’accès aux ressources et au pouvoir, issues de politiques sociales et de normes sociétales. Par exemple, les pratiques de prêts discriminatoires ou la sous-représentation des femmes en politique sont des formes de sexisme structurel. Des études antérieures ont déjà associé ces inégalités à des taux de mortalité plus élevés, un accès limité aux soins de santé et un risque accru de maladies chroniques chez les femmes.

Cette nouvelle recherche est la première à étudier le lien entre sexisme structurel et santé cognitive chez les femmes âgées de 65 ans et plus. Les scientifiques ont d’abord évalué le niveau de sexisme structurel aux États-Unis entre les années 1920 et 1950, basé sur des indicateurs tels que les ratios hommes-femmes dans la population active, le pourcentage de femmes au sein des législatures étatiques ou encore les taux de pauvreté. Ils ont ensuite croisé ces données avec les performances mémorielles de 21.000 participantes issues de deux grandes études sur le vieillissement.

Une piste pour réduire le fardeau d’Alzheimer

Résultat, "la différence entre le fait d’être née dans l’Etat le plus sexiste ou l’Etat le moins sexiste équivaut à neuf ans de vieillissement cognitif", affirment les chercheurs dans un communiqué. Les mécanismes exacts liant le sexisme structurel et le déclin cognitif restent flous, mais "ce que nous savons, c’est que les inégalités systémiques créent des barrières à l’accès aux opportunités et aux ressources favorisant la santé, ce qui contribue à des disparités dans les maladies chroniques et, in fine, dans la santé du cerveau".

Sans grande surprise, l’association entre sexisme systémique et déclin mémoriel est particulièrement marquante chez les femmes noires. "Il est probable que, pour les femmes racisées noires, l’impact combiné du sexisme et du racisme crée une forme unique d’oppression qui affecte encore davantage la santé cognitive." Les prochaines études tenteront de déterminer si l’exposition à ces inégalités durant la jeunesse a des conséquences à long terme, et quels aspects du sexisme structurel affectent le plus la santé cognitive.

Une chose est sûre, selon les auteurs : "Réduire les inégalités sociales pourrait être un levier majeur pour diminuer l’impact de la maladie d’Alzheimer chez les femmes", qui représentent près des deux tiers des Américains atteints de la maladie neurodégénérative.