Prescrit contre le diabète de type 2, le sémaglutide, connu sous le nom d’Ozempic, n’a cessé de faire parler de lui ces derniers mois, car son usage a été détourné pour perdre du poids. Récemment, des chercheurs de l’université du Danemark du Sud ont montré une association entre l’utilisation du sémaglutide et le risque de neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NAION), qui provoque des lésions du nerf optique de l'œil et entraîne une perte grave et permanente de la vision. Pour parvenir à cette conclusion, ils ont réalisé deux études basées sur des registres danois.
Lésions du nerf optique de l'œil : le risque est doublé avec l’Ozempic
Dans le cadre de la première recherche, publiée dans la revue International Journal of Retina and Vitreous, 424.152 personnes atteintes de diabète de type 2 ont été recrutées et suivies pendant cinq ans. Au total, 106.454 des adultes prenaient du sémaglutide une fois par semaine et 317.698 n’y avaient pas été exposés. "Au départ, l'hémoglobine A1c était de 50 mmol/mol", peut-on lire dans les travaux. Selon les résultats, 218 patients ont développé une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique. La prise du sémaglutide était liée à un taux d'incidence deux fois plus élevé et a prédit de manière indépendante un risque plus élevé de futures lésions du nerf optique de l'œil, même lorsque plusieurs autres facteurs ont été pris en compte. "Dans l'ensemble, 67 participants exposés au semaglutide ont développé une NAION, avec un délai médian de 22,2 mois entre la première prescription et l'événement."
Pour la deuxième étude, parue sur le site MedRxiv, les scientifiques ont, à partir de registres de prescription et des systèmes d'enregistrement de l'état civil, identifié 44.517 utilisateurs d’Ozempic pour la gestion du diabète de type 2 au Danemark et 16.860 en Norvège. D’après les auteurs, 32 cas de neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique, dont 24 au Danemark et 8 en Norvège, ont été enregistrés chez les patients prenant du sémaglutide. "Cela a donné un taux d'incidence non ajusté de 2,19/10.000 personnes-années chez les utilisateurs danois. Les taux d'incidence en Norvège étaient de 2,90. (…) Les estimations étaient compatibles dans les différents pays, bien qu'elles soient plus élevées et moins précises en Norvège qu'au Danemark."
"Le risque absolu est très faible"
"Il est extrêmement important de traiter le diabète de type 2, mais il faut se demander si le risque légèrement accru de perte de vision grave dû à l'utilisation d'Ozempic signifie que vous devriez plutôt utiliser l'un des autres nouveaux médicaments qui protègent contre les maladies rénales et cardiovasculaires", a déclaré Kurt Højlund, qui a participé aux recherches. "Nous espérons que nos résultats pourront être utilisés par les médecins et les patients pour discuter des avantages et des inconvénients du traitement par sémaglutide", a ajouté Jakob Grauslund, co-auteur des études. Pour l’heure, "le traitement par Ozempic doit être arrêté si une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique est détectée dans un œil. Cependant, la grande majorité des patients peuvent être confiants, car le risque absolu est très faible."