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L'interview du week-end

Noël, Nouvel An : "On fait attention à ne pas concentrer tous les plats de fêtes lourds sur le même repas"

Par Sophie Raffin

Foie gras, saumon fumé, dinde, pommes duchesses, sauce aux morilles, bûche… Les repas de Noël et du Nouvel An sont très alléchants. Mais, il faut le reconnaître, ils ne sont pas tendres avec notre foie et notre organisme. Nathalie Negro, diététicienne et responsable du Centre Nutritionnel des Thermes de Brides-les-Bains, partage ses conseils pour rendre les menus des fêtes plus digestes et plus sains.

gorodenkoff/istock

Pourquoi docteur : Que ce soit Noël ou le Nouvel An, les festivités de fin d’année sont synonymes de longs repas en bonne compagnie offrant un lot important de mets délicieux, mais très riches. Comment rendre les menus des fêtes plus digestes ? 

Nathalie Negro : Ce qui est recommandé est d’éviter le cumul de plats riches sur un même repas. Ainsi, on commence par faire le tri entre les produits de fêtes hyper gras qui sont difficiles pour le foie ou la vésicule biliaire, et donc longs à digérer, et ceux qui sont beaucoup plus légers. 

Par exemple, dans les entrées : le foie gras, le saumon fumé et les escargots sont très lourds alors que les fruits de mer – si on ne les mange pas avec du beurre – ne présentent pas de soucis particuliers pour la digestion.
Concernant les plats, il y a des volailles très grasses comme l’oie et le chapon tandis que le poulet de Bresse, la canette ou le canard et la dinde sont des viandes non grasses.

Dans les desserts, la bûche pâtissière – généralement composée de crème au beurre – est riche en matière grasse. En revanche, la bûche glacée à base de sorbet ou encore les desserts à base de mousse de fruits ou de bavarois sont plus légers. 

Puis lors de la composition des menus, on fait attention à ne pas concentrer tous les plats de fêtes lourds sur le même repas. Ainsi selon les traditions et les goûts de la famille, si on est davantage foie gras et saumon à Noël, on fait attention à avoir des choses plus légères pour le plat et le dessert. Si on veut manger du chapon, c’est pour l’entrée et le dessert qu’il faut opter pour des options moins grasses. Et ainsi de suite… 

Vin, champagne, cocktail… l’alcool est aussi très présent pendant les fêtes. Comment éviter de mettre son foie en difficulté ?

L’alcool a bien sûr des répercussions sur l’ensemble de l’organisme. Mais surtout, il déshydrate. Il est ainsi important durant les repas festifs d’avoir toujours un verre avec de l’eau en plus de son verre d’alcool. L’eau permettra d’étancher sa soif et le vin sera uniquement bu pour l’accord avec le plat. Cette technique permet, en plus, de ne pas trop abuser de la boisson.

En revanche, une fois l’alcool bu, ce qui est fait, est fait. Il faut juste attendre que le corps fasse son travail d’élimination. Dernier conseil : si on a bu de l’alcool les 24 et 25 décembre, il faut essayer de ne pas en boire entre les fêtes, en attendant le 31.

Les repas entre les fêtes : "certains aliments peuvent aider le système digestif"

Entre les fêtes, peut-on préparer son foie à devoir bientôt affronter le Nouvel An et ses excès gastronomiques ? 

Malheureusement, non. Les capacités de détoxification du foie ne sont pas modulables. Elles dépendent en partie de notre génétique et des toxines auxquelles l’organe va être confronté. Toutefois, certains aliments peuvent aider le système digestif à bien fonctionner. Ceux contenant de l’acide organique, comme le citron et les autres agrumes, sont connus pour stimuler la digestion. Entre les fêtes, il peut être bon d’ajouter une rondelle de citron dans son thé ou son infusion. Cela va stimuler la digestion.

Si l’ensemble des légumes favorisent la digestion, certains sont particulièrement intéressants comme l’artichaut et le radis noir qui stimulent la production de bile, élément essentiel à la digestion des graisses. En plus, nous sommes dans la saison des radis noirs. Il ne faut donc pas hésiter. On peut manger ce légume en soupe ou râpé. Par exemple, entre les fêtes, on peut se faire une salade de carottes et radis noir rapés. C’est léger et cela aidera le système digestif.

Le jeûne peut-il être une solution ?

L’Homme est naturellement un mangeur intermittent. Il a déjà des plages de jeûne au cours de la journée puisqu’il ne mange pas tout le temps. Ne pas manger du tout pendant une journée peut-être très contre-productif, car la faim se déclenchera à un moment. Et s’il y a un reste de bûche ou une boîte de chocolat à ce moment-là, il sera difficile de ne pas craquer pour ces aliments très caloriques.

En revanche, être à l’écoute de son appétit - se dire je suis sorti de table à 17h, je n’ai pas faim donc je ne me remets pas à table à 20h - est une bonne chose. Il ne faut pas hésiter à écouter notre corps. Si on n’a pas faim, c’est qu’on a besoin de rien. Donc pas d’inquiétude : si après le réveillon, vous n’avez pas faim, n’hésitez pas à sauter le petit-dej. C’est très bien.

Restes des fêtes : "il faut faire attention à ne pas refaire le repas de Noël dans son intégralité"

Les festivités se finissent souvent avec de nombreux restes dans le frigo. À quoi faut-il faire attention ? 

Avant tout, il faut faire très attention avec les fruits de mer, car ce sont des produits qui se mangent ultra frais. S’ils manquent un peu de fraîcheur, on peut être extrêmement malade. Ainsi, si les huîtres ne sont pas mangées au cours de la soirée, on ne les garde pas. Il faut aussi être prudent avec les desserts glacés. On ne peut pas recongeler la bûche glacée de Noël et la manger le lendemain. On risque l’intoxication alimentaire. 

D’un point de vue nutritionnel, lorsque vous mangez les restes, il faut faire attention à ne pas refaire le repas de Noël dans son intégralité : entrée, plat et dessert. Par exemple, le lendemain, si vous finissez le plat le midi, il vaut mieux garder le restant de foie gras pour le soir. On peut aussi en profiter pour ajouter des légumes. En effet, le problème dans les plats des fêtes souvent, c’est qu’ils en manquent. Les laitages et les fruits sont également peu présents. Ainsi, entre les fêtes, évitez les féculents et privilégiez les légumes puis remplacez le fromage par un yaourt nature ou des fromages blancs.

"Dans les deux trois semaines qui suivent les fêtes, évitez tout ce qui est aliments gras du quotidien"

Après les fêtes, peut-on faire quelque chose pour aider son corps à se remettre des excès nutritionnels de Noël et du Nouvel an ?

Surtout pas des cures détox, cela ne marche pas. En revanche, pour éviter de manger les restes caloriques pendant plusieurs jours et ainsi poursuivre des menus très riches : soit on congèle ce qu’on peut, soit on partage avec les invités avant leur départ. Cela permet de reprendre un rythme normal tout de suite après les fêtes. En effet, le souci de ces célébrations n’est pas forcément la période des fêtes en tant que telle, mais ce qui se passe après : les restes qu’on mange pendant une semaine ainsi que les boîtes de chocolat, la galette des rois…

Il faut aussi penser à reprendre une activité physique. C’est, en effet, quelque chose qui manque pendant les fêtes. Outre les réunions de famille ou les repas avec les amis qui prennent beaucoup de temps, les salles de gym, les piscines, les cours… tout est à l'arrêt à cette période de l’année. Il est alors difficile de faire du sport. Reprendre une activité physique rapidement aide à reprendre un bon rythme.

Dans les deux trois semaines qui suivent les fêtes, évitez tout ce qui est aliments gras du quotidien : fritures, charcuterie, fromages. En janvier, il faut aussi faire attention à la galette des rois. C’est très riche et calorique. Pour éviter qu’elle s’ajoute aux excès précédents, il faut bien penser qu’elle apporte énormément de lipides et de glucides. Ainsi, elle remplace à la fois une matière grasse et un féculent. Il faut le savoir lors de la préparation des repas. Par exemple, si on a mangé un morceau de galette à 16h, le soir il ne faut ni féculent ni matière grasse. Le repas peut alors être une base de légumes, un poisson ou un œuf puis un laitage et un fruit. 

Il faut bien penser à équilibrer les familles nutritionnelles. En effet, un gros excès à un moment donné ne fait pas prendre de poids - notre corps est capable de le gérer - le problème, c’est le cumul de petites choses au quotidien. Ce sont elles qui font qu’à la fin de l’hiver, il y a 2 ou 3 kilos supplémentaires.