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Epidémie

La "maladie inconnue" en RDC est une forme grave de paludisme

Par Stanislas Deve

L’épidémie d’origine inconnue qui a fait plus de 140 morts en République démocratique du Congo depuis fin octobre est une forme grave de paludisme, selon les autorités sanitaires du pays.

jarun011 / istock
Une épidémie d'origine inconnue dans la région reculée de Kwango, en RDC, a causé plus de 140 morts depuis octobre. "Il s’agit d’un cas de paludisme grave sous forme de maladie respiratoire", ont annoncé les autorités.
Aggravée par la malnutrition, la maladie touche surtout les enfants de moins de cinq ans avec des symptômes proches de la grippe (fièvre, toux, maux de tête), ce qui a compliqué l'identification du pathogène.
Les défis sont de taille pour le pays. La région de Panzi, épicentre de l’épidémie, est marquée par un manque criant d’infrastructures sanitaires et d’accès à l’eau potable. Sans compter la précarité, qui accentue la vulnérabilité de la population.

"Le mystère est enfin résolu." Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ont annoncé que la mystérieuse maladie sévissant dans le pays depuis le 24 octobre était une forme grave de malaria. "Il s’agit d’un cas de paludisme grave sous forme de maladie respiratoire", a déclaré le ministère de la Santé dans un communiqué, relayé par l'AFP.

Paludisme sur fond de malnutrition

Initialement qualifiée d’"événement de santé publique inconnu", la maladie a touché 592 personnes et tué plus de 140, dont une grande partie d'enfants de moins de cinq ans, dans la région reculée de Kwango, dans le sud-ouest du pays. Les symptômes évoquaient ceux d'une grippe, avec fièvre, difficultés respiratoires et maux de tête, compliquant l'identification rapide du pathogène. La semaine dernière, la RDC avait déclaré être en "état d’alerte maximale" pour tenter d’endiguer cette mystérieuse maladie.

"L’hypothèse la plus probable est le paludisme sur fond de malnutrition", avait déclaré dès novembre le Dr Ngashi Ngongo, chef de cabinet de l’Africa CDC, tout en soulignant que des analyses étaient encore en cours pour exclure d’autres hypothèses, comme une éventuelle maladie hémorragique virale. Les autorités sanitaires congolaises, assistées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avaient envoyé une équipe sur place pour confirmer le diagnostic et aider à contenir l’épidémie. Des échantillons prélevés sur les patients se sont alors révélés positifs au paludisme.

La RDC doit maintenant gérer cette crise sanitaire, et le défi est de taille. La région de Panzi, épicentre de l’épidémie, est en effet marquée par un manque criant d’infrastructures sanitaires et d’accès à l’eau potable. La population, déjà fragilisée par des épisodes récurrents de malnutrition (qui touche 61 % des habitants), est particulièrement vulnérable à cette forme grave de malaria. Sans compter que la maladie, endémique en RDC, est souvent exacerbée par les dures conditions de vie lors de la saison des pluies.

Des crises sanitaires aggravées par la précarité

Cette association mortelle entre malaria et malnutrition n’est malheureusement pas une première en RDC, où les crises sanitaires sont fréquentes. Le pays avait déjà été durement touché par une flambée de fièvre typhoïde il y a deux ans et, plus récemment, par le virus du mpox (anciennement appelé variole du singe) qui a fait plus de 1.000 morts.

"La précarité et l’isolement de certaines zones rendent la réponse à ces crises extrêmement complexe", souligne le Dr Ngongo. Avec des infrastructures médicales quasi inexistantes, la mobilisation internationale apparaît donc essentielle pour fournir des médicaments et du soutien logistique. En attendant, les campagnes de vaccination contre d’autres pathologies continuent dans le pays pour prévenir de futures épidémies.