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IVG médicamenteuse : "La douleur était bien plus forte que celle des règles"

Par Geneviève Andrianaly

Les femmes décidant de prendre des médicaments qui provoquent l'interruption de leur grossesse sont souvent informées que la procédure ne sera pas plus douloureuse que des crampes menstruelles, selon une étude britannique.

SabdiZ/iStock
Après qu'on leur a dit que la douleur de l’avortement par voie médicamenteuse était comparable à celle des règles, 48,5 % des femmes ont déclaré que la douleur ressentie était plus forte que prévu.
Elles ne sont donc pas préparées à l'intensité de la douleur ressentie et certaines personnes interrogées ont indiqué qu'elles auraient choisi une autre option si elles l'avaient su.
Des informations plus réalistes et centrées sur la douleur doivent être fournies pour permettre aux femmes de faire un choix éclairé.

Si une femme décide d’avorter, deux options s’offrent à elle : l’IVG instrumentale, qui repose sur la dilatation du col et l’évacuation du contenu utérin par aspiration, et celle médicamenteuse, qui consiste à prendre des médicaments provoquant l'interruption de la grossesse et l'expulsion de l'embryon. La deuxième est la plus fréquente, car elle permet d’éviter la chirurgie et l’anesthésie et peut être réalisée à domicile. Cependant, cette méthode a aussi des inconvénients. Elle "se déroule sur plusieurs jours, peut causer des saignements importants, entraîner des nausées, des vomissements et des diarrhées et des douleurs", indique l’Assurance Maladie.

Ainsi, les patientes doivent être bien informées et conseillées sur leur gestion afin de ne pas avoir peur et être anxieuse. Mais est-ce réellement le cas ? Pour en avoir le cœur net, des chercheurs du British Pregnancy Advisory Service (Royaume-Uni) ont mené une étude. Dans le cadre des travaux, l’équipe a recruté 11.906 femmes, âgées de 20 à 39 ans, ayant subi un avortement médicamenteux jusqu’à 10 semaines de grossesse. Entre novembre 2021 et mars 2022, 1.596 volontaires ont rempli un questionnaire en ligne sur la douleur, la préférence de méthode, l'expérience de l'avortement, les conseils et la façon dont ils décriraient la douleur ressentie à un ami.

Avortement : "L'analogie couramment utilisée avec les règles douloureuses" est "trompeuse"

Environ la moitié (48,5 %) des patientes ont déclaré que la douleur qu’elles ressentaient était plus forte que prévu, la plupart (92 %) attribuant à leur douleur une note d’au moins quatre sur un maximum de 10. Au total, 662 (41,5 %) l’ont notée de 8 à 10, soit une douleur grave.

De nombreuses personnes interrogées ne se sentaient pas préparées à l'intensité de la douleur ressentie. Ces dernières "ont trouvé trompeuse l'analogie couramment utilisée avec les règles douloureuses", peut-on lire dans les résultats publiés dans la revue BMJ Sexual & Reproductive Health. Elles attribuaient aussi cette mauvaise gestion de la douleur au manque de conseils détaillés et réalistes pour pouvoir l’anticiper. "La douleur était tellement plus forte que celle des règles, c'était comme avoir des contractions pendant le travail. J'ai accouché trois fois et la douleur n'était pas vraiment très différente des contractions", a signalé une participante.

"Les expériences de la douleur ont un impact sur la préférence des méthodes." En effet, si 1.047 des patientes ont déclaré qu’elles choisiraient un avortement médicamenteux si nécessaire à l’avenir, 202 ont confié qu’elle aurait recours à un avortement chirurgical. Et la plupart d’entre elles, plus précisément 167, ont cité la douleur comme facteur dans cette décision.

Des informations plus détaillées et réalistes sur l’IVG pour pouvoir faire le bon choix

Selon les données, les femmes sondées ont recommandé de fournir des informations précises et réalistes sur la douleur, car cela est important pour se préparer à l'avortement médicamenteux. "Être transparent pourrait dissuader certaines femmes de recourir à l'avortement, mais je pense que les patientes ont le droit de comprendre pleinement les risques et les avantages pour prendre une décision éclairée", a déclaré une des volontaires interrogées.