- “La perte de taille nous intéresse dans la prise en charge de l'ostéoporose parce que quand elle est importante, elle peut être le signe d’une fracture de vertèbre qui pourrait témoigner de la présence de la maladie”, explique la Pr Karine Briot.
- “Mais cette fracture vertébrale, c’est le signe d'une ostéoporose sévère, puisque par définition, avoir une fracture vertébrale, c’est témoin d’une fragilité au seuil sévère.”
- Selon elle, il est important que les médecins mesurent régulièrement leur patient pour dépister au plus vite les complications possibles.
L’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement de la population entraînent irrémédiablement une hausse du nombre de cas d’ostéoporose ces dernières années, à tel point que cette maladie est devenue un véritable enjeu de santé publique. Les dernières données, datant de 2019, indiquent qu’environ 4 millions de personnes souffrent d’ostéoporose en France, soit 5,5 % de la population. Plus précisément, on estime que 39 % des femmes de 65 ans et plus en sont atteintes. Longtemps silencieuse, car sans symptômes aux prémices, cette pathologie est souvent dépistée à la suite d’une fracture non traumatique dite de fragilité. Pour réduire les risques, le premier levier reste le dépistage ! Si l’ostéodensitométrie permet de diagnostiquer efficacement la maladie, encore faut-il savoir à qui proposer cet examen.
Ostéoporose et perte de taille : quand faut-il s’inquiéter ?
“La perte de taille nous intéresse dans la prise en charge de l'ostéoporose parce que quand elle est importante, elle peut être le signe d’une fracture de vertèbre qui pourrait témoigner de la présence de la maladie”, explique dans une interview la Pr Karine Briot, rhumatologue à l’hôpital Cochin. Cependant, la perte de taille ne doit pas être systématiquement associée à l'ostéoporose, insiste-t-elle. “C’est normal de perdre en taille quand on vieillit. Il y a des données chez les femmes de plus de 50 ans qui montrent qu’elles perdent en moyenne 4 cm au cours de leur vie.”
En cas de perte de taille, des radiographies sont nécessaires pour savoir s’il s’agit d’ostéoporose ou d’un autre type de problèmes comme une scoliose, une cyphose (courbure anormale de la colonne vers l’avant), ou encore la présence d’une arthrose vertébrale. Si ostéoporose il y a, la spécialiste rappelle à quel point il est important de la dépister, notamment pour mettre en place une activité physique, une rééducation, “et puis surtout, ne pas passer à côté de la fameuse fracture vertébrale qui est un signe d’entrée dans une ostéoporose sévère”.
Faire la différence entre une déformation liée à une scoliose et une fracture vertébrale
“Parfois, la déformation vertébrale liée à la scoliose se confond avec une déformation liée à une fracture”, soulève la Pr Briot. Dans ce cas, “ce qui aide vraiment est le suivi des radios parce que si on voit que l’anomalie était déjà présente il y a 10 ans, c’est que ce n’est pas une fracture vertébrale”.
Finalement, ce qui est important, c’est le changement. “Aujourd’hui, il y a des radiographies qui se font en position debout et qui permettent de bien faire ce suivi, donc il ne faut pas hésiter”, précise-t-elle.
Si le médecin constate une fracture liée à la perte osseuse de 4 cm, il faut se poser la question de savoir s’il y a eu des traumatismes importants : accident de la route, chute d’escalade, etc. “S’il n’y a pas de traumatismes importants, c’est une fracture vertébrale potentiellement osteoporotique, donc on va rentrer dans l’exploration d’une ostéoporose avec une prise de sang, une ostéodensitométrie”, détaille-t-elle avant d’ajouter : “Mais cette fracture vertébrale, c’est le signe d'une ostéoporose sévère, puisque par définition, avoir une fracture vertébrale, c’est témoin d’une fragilité au seuil sévère.”
Pour terminer, la spécialiste rappelle qu’il est important que les médecins mesurent leur patient chaque année ou tous les deux ans, car une perte soudaine de 2 cm peut être le signe d’une fracture vertébrale.