- De nouveaux travaux confirment que certains sachets de thé fabriqués avec du plastique peuvent libérer des quantités astronomiques de particules de plastique par millilitre de boisson chaude.
- Dans cette étude, les chercheurs ont constaté que les cellules intestinales productrices de mucus présentaient une plus forte absorption de ces particules, et que ces dernières étaient capables de pénétrer le noyau cellulaire qui abrite notre matériel génétique.
- Pour réduire son risque d’exposition à ces particules, il est conseillé de préférer les thés en vrac ou ceux conditionnés dans des sachets en coton ou papier.
Les emballages alimentaires sont une source majeure de contamination de l’organisme par les microplastiques, soit des fragments de plastique inférieurs à 5 millimètres. En 2019, une étude de l’université canadienne McGill nous alertait sur la quantité astronomique de ces particules libérées lorsqu’un seul sachet de thé en plastique était infusé : jusqu’à 11,6 milliards de microplastiques et 3,1 milliards de nanoplastiques ! À ce stade, les chercheurs ne savaient pas encore quels étaient les risques pour notre organisme. Cinq ans plus tard, les résultats d’une nouvelle recherche sont inquiétants : il semblerait que ces particules puissent pénétrer dans nos cellules intestinales pour rejoindre notre circulation sanguine et ainsi, se propager dans tout notre corps… Les résultats des travaux ont été publiés en novembre 2024 dans la revue Chemosphere.
Sachet de thé en plastique : jusqu’à 1,2 milliard de particules libérées par millilitre
Les travaux des chercheurs du groupe Mutagenesis du département de génétique et de microbiologie de l’Université Autonome de Barcelone (UAB) ont été réalisés à partir de sachets de thé fabriqués à base de polymères de nylon-6, de polypropylène et de cellulose. Les trois types de sachets ont été achetés en ligne (Amazon et AliExpress) ou dans un supermarché local.
“Nous avons réussi à caractériser de manière innovante les polluants avec un ensemble de techniques de pointe, ce qui constitue un outil très important pour faire avancer la recherche sur leurs impacts possibles sur la santé humaine”, a déclaré Alba Garcia, chercheuse à l’UAB. Ainsi, les expériences menées montrent que :
- le polypropylène libère environ 1,2 milliard de particules par millilitre, d'une taille moyenne de 136,7 nanomètres ;
- la cellulose libère environ 135 millions de particules par millilitre, d'une taille moyenne de 244 nanomètres ;
- le nylon-6 libère 8,18 millions de particules par millilitre, d'une taille moyenne de 138,4 nanomètres.
Des interactions avec des cellules intestinales humaines découvertes
Les chercheurs ont ensuite coloré ces particules et les ont exposé à différents types de cellules intestinales humaines afin d’étudier leur interaction et leur éventuelle internalisation cellulaire.
Résultat : les cellules intestinales productrices de mucus ont présenté la plus forte absorption de micro et nanoplastiques, avec des particules capables de pénétrer le noyau cellulaire qui abrite notre matériel génétique.
De nouvelles recherches sur les impacts potentiels sur la santé d’une exposition chronique à ces particules sont maintenant indispensables pour en savoir plus.
Selon les auteurs, il faudrait également développer urgemment des méthodes de test normalisées pour évaluer la contamination par ces particules de tou les aliments sous emballages plastiques. Ils souhaitent également que des politiques réglementaires soient mises en place pour atténuer cette contamination. “Alors que l'utilisation du plastique dans les emballages alimentaires continue d'augmenter, il est essentiel de s'attaquer à la contamination par les MNPL [micro/nanoplastiques, ndrl] pour garantir la sécurité alimentaire et protéger la santé publique”, insistent les chercheurs.
Thé, tisane : faut-il arrêter de boire des infusions ?
Si les chercheurs ne peuvent pas encore identifier les conséquences pour la santé d’une telle ingestion de plastiques, la prudence reste de mise ! Mais rassurez-vous, il y a bien des façons de profiter de ces boissons chaudes tout en réduisant ses risques d’exposition. Au mieux, il faut préférer le thé et la tisane en vrac, à faire infuser directement dans une théière, grâce à un mug infuseur ou un infuseur en inox. Et pour les adeptes du thé en sachet, il faut privilégier ceux en mousseline de coton naturel ou en papier sans colle ni agrafe.