- Une forte augmentation des signalements de soumission chimique a été enregistrée en 2022.
- Dans 56,7 % des cas, des médicaments psychoactifs étaient impliqués.
- Pour lutter contre la soumission chimique, l'ANSM demande aux laboratoires qui commercialisent ces médicaments, de prendre des mesures pour rendre le détournement de l’usage de la substance plus difficile (changer l'aspect, le goût ou l'odeur du médicament...).
En 2022, 1.229 signalements de soumission chimique suspects ont été enregistrés contre 727 en 2021. Cela représente une augmentation de 69 %. Une enquête nationale, réalisée par le centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) de Paris, révèle que les médicaments psychotropes sont en cause dans la majorité des cas.
Face à ces conclusions, l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) annonce des mesures pour réduire les risques de détournement de ces médicaments.
Prévention de la soumission chimique : changer le goût, l’odeur ou la couleur des médicaments
Dans son communiqué du 20 décembre, l'ANSM précise que des médicaments psychoactifs sont impliqués dans 56,7 % des signalements de soumission chimique suspects. Il peut s'agir d’antihistaminique, de sédatif, de benzodiazépine, d'antidépresseur, de opioïde ou encore de kétamine. Ces produits peuvent être ajoutés à une boisson, à de la nourriture, ou encore injectés avec une seringue.
Souhaitant réduire le risque pour les "potentielles victimes", l’agence va "dès le début du mois de janvier 2025" demander aux laboratoires commercialisant des médicaments à risque de soumission chimique de prendre des mesures pour limiter leur détournement.
"Cela peut consister à rendre le détournement de l’usage de la substance plus difficile ou à alerter les victimes potentielles en modifiant la formule du médicament. Ces changements peuvent porter sur l’aspect visuel (colorant ou texture inhabituelle), ou l’ajout d’un goût ou d’une odeur identifiables", explique l’organisme.
L’ANSM travaille aussi sur "des solutions à long terme" pour que les nouveaux traitements qui seront mis sur le marché intègrent d'emblée "ces caractéristiques permettant de rendre leur détournement plus détectable". Elle indique avoir également approché ces homologues européens pour prendre connaissance des initiatives prises dans leur pays pour lutter contre la soumission chimique.
Soumission chimique : des conseils pour limiter les risques
Pour rappel, la soumission chimique désigne l'administration d'une substance psychoactive à une personne, sans qu'elle en ait connaissance ou sous la contrainte, dans le but de commettre un délit ou un crime, comme un vol, une agression sexuelle, un viol…. Si dans la majorité des cas, des médicaments sont utilisés, il faut aussi se méfier des substances non médicamenteuses comme la MDMA, la cocaïne, le 3-MMC, le GHB et ses dérivés ou encore l’alcool.
En cette période de festivités, les autorités rappellent par ailleurs les bons gestes à avoir pour minimiser les risques d’agressions facilitées par les substances psychoactives :
- rester en groupe si possible : veillez à être accompagné.e par des ami(e)s qui "veillent" et peuvent se rendre compte de comportements incohérents ;
- avoir un.e membre du groupe qui ne boit pas et pourra ramener tout le monde ;
- ne pas quitter son verre des yeux, ne pas accepter de verre de la part d’un inconnu ;
- utiliser des des couvercles ou des protèges verre anti-drogue ;
- essayer de contrôler sa consommation d'alcool : l'effet des médicaments augmente lorsqu'on consomme de l'alcool.
"En cas de doute ou d’agression, il est important de parler de ce qui est arrivé, à des personnes de confiance et à des professionnels et professionnelles de santé qui pourront écouter et accompagner chaque victime de soumission chimique ou de vulnérabilité chimique."
Si vous pensez être en présence d’une victime de soumission chimique :
- restez à ses côtés et accompagnez la dans un lieu sûr ;
- notez tous les détails dont vous vous souvenez : heure, lieu, personnes présentes et circonstances ;
- si la personne nécessite une prise en charge médicale ou en cas d’urgence, appelez les secours (Samu 15, police 17) ;
- vous pouvez conserver la dernière boisson consommée ou les verres vides de la victime pour faciliter les analyses toxicologiques.