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Les probiotiques peuvent-ils prévenir la gueule de bois ?

Par Stanislas Deve

Certains probiotiques promettent de réduire les effets de la gueule de bois en ciblant l'acétaldéhyde, une molécule toxique issue du métabolisme de l'alcool. Mais les experts restent sceptiques.

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Les probiotiques comme Pre-Alcohol et Myrkl promettent de réduire les effets de la gueule de bois en ciblant l'acétaldéhyde, une molécule toxique issue du métabolisme de l'alcool.
Mais les experts restent sceptiques. L'alcool est principalement métabolisé dans le foie, limitant l'effet des probiotiques actifs dans l'intestin.
Bien que ces suppléments soient sans danger, leur efficacité manque de preuves scientifiques solides. Pour les chercheurs, la seule méthode fiable pour éviter la gueule de bois est de boire avec modération.

Les réseaux sociaux regorgent de publicités pour des compléments alimentaires probiotiques présentés comme la solution miracle contre la gueule de bois. Parmi eux, "Pre-Alcohol" de ZBiotics et "Myrkl", un produit concurrent suédois, s’appuient sur des bactéries du microbiote intestinal pour réduire les effets indésirables de l’alcool. Mais ces suppléments tiennent-ils vraiment leurs promesses ?

Les probiotiques contre l’acétaldéhyde ?

Eric Burke, chroniqueur américain et amateur de bourbon, a testé ces produits, peut-on lire dans un article du Los Angeles Times. Lors de sa première soirée, il a consommé une dose de Pre-Alcohol avant de boire plusieurs cocktails et a remarqué un réveil plus agréable que prévu. Encouragé, il réitère l’expérience le lendemain avec une quantité d’alcool plus importante. Mais cette fois, les effets sont moins probants—il se réveille fatigué et endolori, comme à l’accoutumée.

Les probiotiques comme ceux de ZBiotics ciblent l’acétaldéhyde, un sous-produit toxique du métabolisme de l’éthanol. Cette molécule est responsable de nombreux symptômes de la gueule de bois : nausées, maux de tête, fatigue... L’idée est simple : en augmentant les bactéries capables de décomposer l’acétaldéhyde dans l’intestin, les symptômes devraient s’atténuer.

Pourtant, comme l’explique Karsten Zengler, microbiologiste à l’Université de Californie à San Diego, l’alcool est principalement métabolisé dans le foie, où l’enzyme "alcool déshydrogénase" transforme l’éthanol en acétaldéhyde. Seule une petite partie atteint l’intestin, où les probiotiques entrent en jeu. En conséquence, l’effet global sur les symptômes reste limité.

Des preuves scientifiques encore insuffisantes

Les recherches sur ces produits montrent que les bactéries peuvent réduire l’acétaldéhyde dans des conditions de laboratoire simulées. Mais des études cliniques rigoureuses, impliquant des essais en double aveugle et contrôlés par placebo, manquent encore pour confirmer leur efficacité chez l’humain.

Pour Daryl Davies, spécialiste de l’alcool et de ses effets à l’USC Mann School of Pharmacy, la gueule de bois joue un rôle utile : "Elle est le signal d’alarme du corps indiquant que vous avez trop bu." Et la seule manière validée scientifiquement de la prévenir "reste de consommer moins d’alcool", rappelle Joris C. Verster, professeur de pharmacologie aux Pays-Bas.