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QUESTION D'ACTU

Biais cognitif

Plus nous pensons savoir, moins nous savons, selon la science

Plus une personne est confiante dans ses jugements, plus elle manque d’informations essentielles pour les formuler. Prendre conscience de ce biais cognitif ouvre une voie pour réduire les conflits, d'après une équipe de chercheurs.

Plus nous pensons savoir, moins nous savons, selon la science Makhbubakhon Ismatova / istock




L'ESSENTIEL
  • Une étude révèle que la confiance dans nos jugements augmente lorsque nous manquons d'informations essentielles. Ce biais est appelé "illusion de suffisance d'information" (illusion of information adequacy).
  • Une expérience montre que des participants ayant reçu des informations partielles sur un problème étaient aussi sûrs de leur décision que ceux ayant toutes les données. Ce phénomène est amplifié par les réseaux sociaux, où des jugements hâtifs sont courants.
  • La solution ? Adopter une ouverture d'esprit pour combler les lacunes et mieux comprendre les perspectives opposées.

Les "Je-sais-tout" en savent moins qu’ils ne le pensent. Une nouvelle étude américaine, publiée dans la revue PLOS ONE, suggère que plus nous sommes confiants dans nos jugements et nos avis, lors d'un débat par exemple, plus il est probable que nous manquons d'informations essentielles à leur formulation. Ce biais cognitif, appelé "illusion de suffisance d'information" (illusion of information adequacy), explique notamment pourquoi les conflits, de toutes sortes, tendent souvent à persister.

Une confiance trompeuse dans nos jugements

Pour arriver à ce constat, les chercheurs de l’Université d’Etat de l’Ohio ont mené une expérience impliquant 1.261 participants américains. Ces derniers ont été confrontés à un scénario hypothétique : un établissement scolaire devait décider de fusionner ou non avec une autre école en raison de l’épuisement d’un réseau d’eaux souterraines local. Les participants ont été divisés en trois groupes : le premier a reçu des informations complètes sur la situation, tandis que les deux autres n’ont eu accès qu’à des arguments partiels, soit pour, soit contre la fusion.

Les résultats sont étonnants : ceux qui ont reçu une information partielle étaient aussi confiants dans leur décision, voire davantage, que ceux ayant toutes les données. "Ceux avec seulement la moitié des informations étaient persuadés d’avoir pris la bonne décision, même sans avoir le tableau complet", expliquent les chercheurs dans un communiqué.

Cette illusion se manifeste aussi dans nos interactions quotidiennes. Sur les réseaux sociaux, combien de fois avons-nous vu des utilisateurs commenter ou partager un article après n’en avoir lu que le titre ? Cette confiance excessive illustre notre propension à croire que nous possédons suffisamment d’éléments pour formuler un avis.

Une perspective pour réduire les conflits

Lorsque les participants ayant reçu une information partielle ont été exposés à des arguments contraires, 55 % ont maintenu leur position initiale – un taux comparable à celui des participants pleinement informés. Les scientifiques précisent toutefois que cette réceptivité pourrait ne pas s’appliquer aux enjeux idéologiques plus profonds, où les gens tendent à rejeter ou à reconfigurer les nouvelles informations pour les adapter à leurs croyances.

Cette étude offre une clé pour analyser les débats actuels, de plus en plus polarisés, qu’il s’agisse de vaccins, de changement climatique ou d’autres sujets sensibles. Chaque camp, convaincu de sa supériorité, fonctionne en fait avec un point de vue limité. "C’est comme si deux personnes argumentaient sur une peinture en la regardant sous des angles différents, chacun croyant voir l’intégralité du tableau", illustrent les auteurs de l’étude.

Pour lutter contre ce biais cognitif, ils recommandent une attitude simple mais puissante : "La prochaine fois que vous êtes en désaccord avec quelqu’un, demandez-vous : y a-t-il quelque chose qui me manque pour mieux comprendre son point de vue ?" Cette démarche, à l’écoute de l’autre, pourrait réduire les malentendus et ouvrir des voies de réconciliation dans nos interactions personnelles et sociales.

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