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Alcool : le sentiment de gêne est lié à sa consommation excessive chez les ados

Par Geneviève Andrianaly

Les jeunes adultes mal à l’aise socialement sont plus enclins à boire régulièrement de l’alcool, mais leur consommation diminue à mesure qu'ils vieillissent et se sentent plus sûrs d'eux.

SeventyFour/iStock
Les adolescents se sentant gênés en société ont des taux de consommation excessive d'alcool.
Cependant, ces derniers deviennent plus faibles à mesure que les jeunes vieillissent et prennent conscience de leur propre identité, de leur liberté et de leurs désirs sur l'autre.
Pour l’heure, les chercheurs ne savent pas si les personnes boivent plus pour faire face à leur malaise ou si leur malaise est causé par une consommation excessive d'alcool.

Depuis longtemps, de nombreux chercheurs tentent d’identifier des marqueurs objectifs de la susceptibilité à la consommation problématique d'alcool liée aux environnements dans lesquels les personnes boivent. "Cependant, on sait peu de choses sur les indices cognitifs et comportementaux liés aux contextes sociaux dans lesquels ces boissons sont généralement consommées", ont indiqué des chercheurs de l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign (États-Unis). C’est pourquoi ils ont décidé de faire une étude afin d’examiner le rôle de l'attention sociale dans la prédiction des schémas de consommation problématique d'alcool au fil du temps.

Un suivi oculaire pour voir si l'attention sociale peut prédire des problèmes d'alcool

Afin de mener à bien les travaux, publiés dans la revue Alcohol, Clinical and Experimental Research, l’équipe a recruté 246 jeunes, âgés en moyenne de 20 ans, qui consomment régulièrement des boissons alcoolisées. Dans un premier temps, ces derniers ont dû remplir des questionnaires conçus pour évaluer leurs comportements de consommation d'alcool. Ensuite, les participants ont été répartis, au hasard, en deux groupes. Le premier a été invité à boire un cocktail contenant du soda et de la vodka à 100 degrés, qui a été conçu pour les amener à un taux d'alcoolémie de 0,08 %, c’est-à-dire le niveau qu'une personne atteint lorsqu'elle boit de façon excessive. Le reste des volontaires ont bu un breuvage dit "témoin". Enfin, ils ont dû engager une conversation de quatre minutes avec un ami via un appel vidéo, suivie d'une autre conversation de la même durée avec un inconnu. Durant l’intervention, les auteurs ont suivi les mouvements oculaires des participants pour voir combien de temps ils passaient à se regarder pendant la conversation par rapport à regarder l'autre personne.

Plus une personne se regardait, plus elle avait tendance à consommer excessivement de l’alcool

Selon les données, les jeunes adultes plus gênés ou socialement maladroits, qui "peuvent être plus sensibles aux normes et aux attentes sociales", semblent boire plus souvent. Cela a été visible lors de l’appel vidéo. En effet, "plus une personne était concentrée sur elle-même pendant les appels vidéo, plus elle avait tendance à avoir des journées de consommation excessive d'alcool", ont déclaré les scientifiques. Dans le détail, pour chaque augmentation de 1 % du temps passé à se regarder pendant la conversation vidéo, ils ont observé une hausse de 1,3 % du nombre de jours de consommation excessive d'alcool. En revanche, pour chaque diminution de 1 % du temps passé à regarder l'autre personne, une réduction de 1,1 % du nombre de jours de consommation excessive d'alcool a été constatée.

La conscience de soi semble avoir une fonction protectrice plus tard dans la vie des jeunes

Les questionnaires de suivi ont révélé qu'à mesure que ces personnes vieillissaient, le temps passé à se regarder s'est avéré associé à une diminution considérable de leurs jours de consommation excessive d'alcool. Les volontaires ayant des mouvements oculaires plus conscients d’eux-mêmes, soit prenant conscience de leur propre identité, de leur liberté et de leurs désirs sur l'autre, ont connu une réduction de plus de 50 % du nombre de jours de consommation excessive d'alcool chaque année, contre une réduction moyenne de moins de 40 % pour tous les participants de l'étude.

Pour l’heure, l’équipe n’est pas capable de dire dans quel sens se déroulait l’association : si les personnes buvaient davantage pour faire face à leur malaise, ou si leur malaise était causé par une consommation excessive d'alcool, qui peut contribuer à des problèmes comme la dépression et l'anxiété.