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Psychologie

Voici pourquoi il faut arrêter de récompenser les enfants avec des aliments

Par Geneviève Andrianaly

L'utilisation par les parents de la nourriture en guise de récompense est liée à une moins bonne régulation des émotions chez les tout-petits.

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Le fait de proposer de la nourriture pour calmer ou réconforter un enfant, d'âge préscolaire, contrarié entraîne une moins bonne régulation des émotions.
Cette mauvaise régulation émotionnelle chez les tout-petits favorise la suralimentation émotionnelle, "définie comme le fait de manger en réponse à des émotions négatives comme le stress ou la frustration."
Cette pratique alimentaire coercitive provoque aussi une sous-alimentation émotionnelle, qui n’est pas influencée par les comportements des parents mais plutôt par des réponses biologiques au stress.

Vous avez tendance à donner des bonbons ou des gâteaux pour récompenser votre enfant ? Ce n’est pas une bonne idée, selon des chercheurs de l’université de Floride du Nord (États-Unis). Afin de parvenir à cette conclusion, ils sont partis d’un constat : "aux alentours de l'âge préscolaire (3 à 5 ans), une période cruciale à la fois pour la régulation émotionnelle et les habitudes alimentaires, on observe un passage de la sous-alimentation à la suralimentation émotionnelle, définie comme le fait de manger en réponse à des émotions négatives comme le stress ou la frustration, qui peut entraîner des problèmes de poids et de potentiels troubles alimentaires." Cela laisse suggérer que des parents utilisent des aliments pour contrôler les émotions des tout-petits, plutôt que de leur enseigner des stratégies appropriées.

4 pratiques alimentaires coercitives ont été testées

Dans le cadre d’une étude, parue dans la revue Appetite, l’équipe a émis l’hypothèse que cette pratique de contrôle coercitif de la nourriture serait associée à une moins bonne capacité de l'enfant à réguler ses propres émotions, ce qui conduirait à une suralimentation émotionnelle accrue. Pour vérifier cette théorie, les scientifiques ont recruté 221 mères d’enfants de 4 et 5 ans. Ces dernières ont répondu à questions évaluant leurs pratiques alimentaires, les capacités de régulation émotionnelle et les comportements alimentaires émotionnels de leur enfant.

Ensuite, quatre pratiques alimentaires coercitives ont été testées : "proposer de la nourriture pour calmer ou réconforter un enfant contrarié ; fournir de la nourriture en récompense d’un comportement souhaité ou la refuser en guise de punition ; proposer des aliments dans des situations chargées d’émotions indépendamment de la faim ; utiliser la nourriture pour encourager ou décourager des comportements spécifiques." La régulation émotionnelle des tout-petits a été mesurée à l’aide d’une liste de contrôle validée qui évaluait leur capacité à gérer l’intensité, la durée et l’expression des émotions. Les suralimentations et sous-alimentations émotionnelles ont été évaluées avec un questionnaire examinant la fréquence à laquelle les jeunes mangeaient plus ou moins que d’habitude en réponse à leurs émotions.

Donner de la nourriture en guise de récompense favorise la suralimentation émotionnelle

Selon les résultats, les quatre pratiques alimentaires coercitives étaient liées à une mauvaise régulation émotionnelle chez les enfants, qui à son tour, était associée à une augmentation de la suralimentation émotionnelle. Autre constat : les pratiques alimentaires coercitives entraînaient également une sous-alimentation émotionnelle, mais elle n’était pas influencée par la régulation émotionnelle et donc moins par les comportements des parents. Ainsi, elle peut plutôt provenir de réponses biologiques au stress. "De futures recherches expérimentales et longitudinales sont nécessaires pour confirmer ces données", ont conclu les auteurs.