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QUESTION D'ACTU

Résilience

Comment le cerveau s'adapte-t-il aux traumatismes ?

Des chercheurs de l’Inserm montrent que la résilience aux traumatismes n’est pas seulement un trait inné, mais aussi une capacité que le cerveau peut développer.

Comment le cerveau s'adapte-t-il aux traumatismes ? Radachynskyi / istock




L'ESSENTIEL
  • L'étude Remember, menée après les attentats du 13 novembre 2015, explore les mécanismes cérébraux liés au stress post-traumatique (TSPT) et la résilience. Les chercheurs ont observé la plasticité des circuits de contrôle de la mémoire chez des participants exposés au traumatisme.
  • Ceux ayant surmonté leur TSPT montrent une normalisation des réseaux neuronaux préfrontaux, qui régulent l'hippocampe et limitent les souvenirs intrusifs.
  • Ces résultats ouvrent des perspectives thérapeutiques, notamment via la stimulation des circuits cérébraux, sans raviver les émotions traumatiques.

Les événements traumatiques, comme les attentats du 13 novembre 2015, laissent souvent de profondes séquelles sur les victimes. Certaines développent un trouble de stress post-traumatique (TSPT), tandis que d'autres parviennent à faire preuve de résilience devant l'épreuve. Qu'est-ce qui, au niveau du cerveau, différencie ces trajectoires ? Une étude récente, menée par des neuroscientifiques français de l’Inserm, met la lumière sur les mécanismes cérébraux qui sous-tendent cette résilience.

À la recherche des mécanismes de résilience

L'étude Remember, mise en place dans les mois qui ont suivi le 13-Novembre, s’est intéressée à 200 participants, dont 120 exposés aux attaques de 2015. Répartis en trois groupes (TSPT chronique, TSPT résolu, et non-exposés), les participants ont été soumis à des examens d’imagerie cérébrale en 2016-2017 et 2018-2019. Un questionnaire complété en 2020-2021 a permis d’évaluer l’évolution des symptômes.

Les résultats, publiés dans Science Advances, révèlent que les réseaux cérébraux liés au contrôle de la mémoire jouent un rôle clé. Chez les individus ayant surmonté leur TSPT, ces réseaux se reconfigurent progressivement pour réguler plus efficacement les souvenirs intrusifs. "Ces ‘mécanismes de contrôle’ de la mémoire se refaçonnent au cours du temps et finissent par se ‘normaliser’, pour ressembler à ceux des personnes ‘contrôles’, précisent les chercheurs. Concrètement, cela se traduit en imagerie cérébrale par une action plus efficace des régions préfrontales pour inhiber l’activité hippocampique et empêcher l’accès aux souvenirs intrusifs."

Une plasticité cérébrale prometteuse

Cette plasticité des circuits neuronaux se traduit par une diminution des symptômes de stress et une interruption de l’atrophie de l’hippocampe. À l’inverse, chez les personnes souffrant encore de TSPT, ces processus restent altérés. Et pourtant, même chez ces patients, des signes précoces de réorganisation cérébrale prédisent une réduction future des symptômes.

"Rien n’est inscrit dans le marbre, selon les scientifiques. La résilience humaine aux traumatismes est caractérisée par la plasticité des circuits de contrôle de la mémoire, notamment ceux qui régulent l’activité de l’hippocampe et la résurgence des souvenirs intrusifs." Ce constat ouvre des perspectives thérapeutiques : stimuler ces mécanismes de contrôle de la mémoire sans agir sur le système émotionnel et donc sans faire revivre les émotions traumatiques au patient.

L’équipe de recherche projette également d’explorer le rôle du récepteur GABA alpha 5, situé dans l’hippocampe. Ce récepteur pourrait favoriser l’oubli des souvenirs traumatiques, offrant une cible pour de nouvelles approches thérapeutiques.

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