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Bactéries

Microbiote : vers un "vaccin" pour prévenir la prise de poids ?

Par Stanislas Deve

Des chercheurs suggèrent que l’exposition à de bonnes bactéries intestinales peut prévenir la prise de poids chez des souris, ce qui pourrait ouvrir la voie à une potentielle "vaccination".

ClaudioVentrella / istock
Une étude montre que des souris injectées avec Mycobacterium vaccae, une bactérie présente dans le sol et le lait de vache, étaient protégées des effets d’un régime riche en graisses et sucres.
Ces résultats renforcent l’idée que nos "vieux amis microbiens", perdus avec l’urbanisation, jouent un rôle clé dans la santé. Les souris exposées à cette bactérie ont pris moins de poids et accumulé moins de graisses viscérales, connues pour leurs risques cardiovasculaires.
Bien que prometteuses, ces recherches nécessitent des tests sur des humains. En attendant, éviter la malbouffe, jardiner ou manger des légumes frais peut restaurer notre lien avec ces bactéries bénéfiques.

Chaque début d’année, nombreux sont ceux qui se lancent dans des régimes ou des programmes d'exercice pour perdre du poids. Mais une étude récente de l’Université du Colorado Boulder, aux Etats-Unis, dévoile une piste inédite pour réussir, un jour peut-être, ce pari sans trop d’efforts : l’exposition à des bactéries bénéfiques.

Publiée dans la revue Brain, Behavior, and Immunity, cette recherche montre que des rongeurs injectés hebdomadairement avec une bactérie présente dans le lait de vache et le sol étaient protégés contre la prise de poids causée par une alimentation riche en graisses et en sucres. "Ce qui est frappant, c’est que nous avons observé une prévention totale de la prise de poids associée au régime alimentaire", assurent les chercheurs dans un communiqué.

Les "vieux amis" de notre microbiote intestinal

Cette découverte s’ajoute à une série de travaux sur les bienfaits des bactéries intestinales appelées "vieux amis", qui ont évolué aux côtés des humains. Mais, avec la transition vers des modes de vie urbains et plus aseptisés, nous avons perdu contact avec ces micro-organismes essentiels. "Ce qui a augmenté notre vulnérabilité aux maladies inflammatoires", selon les chercheurs.

Dans une étude antérieure, il avait déjà été démontré que la bactérie Mycobacterium vaccae (à l’origine de cette protection) pouvait réduire l’inflammation induite par le stress chez les souris. Cette fois, les scientifiques ont exploré son impact sur l’inflammation cérébrale et l’anxiété associées à une mauvaise alimentation.

Des souris ont ainsi été nourries pendant 10 semaines avec une alimentation saine ou un régime riche en graisses et sucres. La moitié des animaux de chaque groupe recevait des injections hebdomadaires de M. vaccae. Sans surprise, les souris nourries à la "malbouffe" sans bactéries ont pris 16 % de poids de plus que les autres. Mais étonnamment, les souris sous régime gras ayant reçu la bactérie avaient un poids similaire à celles au régime sain et accumulaient moins de graisses viscérales, connues pour augmenter les risques de maladies cardiovasculaires.

Vers une "vaccination" contre le surpoids ?

Bien que ces résultats soient limités aux animaux, les chercheurs prévoient d’approfondir leurs travaux pour explorer si M. vaccae pourrait être administrée oralement ou aider à perdre du poids chez l’humain. Pour l’instant, ils recommandent de faire le plein de ces bactéries "amies" en passant du temps dans la nature, en jardinant ou en consommant des légumes frais. "Éviter la malbouffe est difficile, car elle est omniprésente. Mais si nous pouvions restaurer notre exposition à ces bactéries, cela pourrait limiter les effets néfastes de notre alimentation occidentale", concluent-ils.