C’est un gaz discret mais dangereux. Sans couleur, ni odeur, le radon est radioactif. Naturellement présent dans les sols et les roches, notamment dans les régions aux sous-sols granitiques ou volcaniques, il augmente le risque de cancer du poumon. Selon une étude, parue dans JAMA Network, il est aussi associé à un risque plus élevé de diabète gestationnel chez la femme enceinte.
Plus l’exposition au radon est importante, plus le risque de diabète gestationnel est élevé
Ces travaux, réalisés par des chercheurs de différentes universités américaines, sont basés sur une cohorte de plus de 9.000 patientes. Les scientifiques ont analysé leurs données de santé, et notamment la présence de diabète gestationnel, tout en évaluant leur niveau d’exposition au radon, en prenant en compte leur lieu de résidence. "Les risques de développer un diabète gestationnel étaient plus élevés chez les individus vivant dans les endroits où le niveau de radon était le plus élevé par rapport à ceux vivant dans les comtés où le niveau de radon était le plus faible", concluent-ils. Ils ajoutent que les femmes enceintes, fumeuses, et celles vivant dans les régions avec des niveaux élevés de particules fines, avaient des risques encore plus importants. "Cette étude fournit une base pour de futures recherches axées sur la mesure du radon intérieur au niveau individuel afin de confirmer les résultats et d'explorer les mécanismes biologiques sous-jacents", écrivent les auteurs.
Comment expliquer les liens entre diabète gestationnel et l’exposition au radon ?
Selon eux, cette association peut déjà être considérée comme "biologiquement plausible". "Le radon émet des particules alpha qui peuvent induire un stress oxydatif et favoriser l’inflammation, processus associés aux maladies inflammatoires chroniques, tels que les troubles hypertensifs de la grossesse, préviennent-ils. De plus, l’exposition au radon peut entraîner des lésions de l’ADN et des changements épigénétiques dans les cellules placentaires ainsi qu’un dysfonctionnement mitochondrial. Ensemble, ces voies combinées peuvent contribuer au dysfonctionnement vasculaire placentaire en perturbant le flux sanguin et les échanges de nutriments, créant des conditions hypoxiques qui favorisent la résistance à l’insuline." Ces différentes perturbations peuvent agir sur le métabolisme du glucose chez la mère, augmentant le risque de développer un diabète gestationnel.
Radon : quels sont les risques du diabète gestationnel ?
Cette augmentation de la glycémie pendant la grossesse est parfois asymptomatique. Sinon, elle est caractérisée par une soif importante, de la fatigue et des envies d’uriner plus fréquentes. "La complication la plus grave est la survenue d’une pré-éclampsie (ou toxémie gravidique), prévient la Fédération des diabétiques. Il s’agit d’un dysfonctionnement du placenta qui associe une hypertension artérielle, une prise de poids, des œdèmes et la présence de protéines dans les urines." Cela peut aussi augmenter le risque d’accouchement prématuré, de césarienne ou encore le risque de diabète de type 2 plus tard.
Pour l’enfant, le diabète gestationnel peut provoquer une hausse du poids à la naissance. "La macrosomie, qui désigne un poids à la naissance supérieur à 4 kg, peut entraîner un accouchement difficile, et des complications pour l’enfant comme : une détresse respiratoire, une dystocie des épaules, liée à un poids trop élevé du bébé : l’épaule du fœtus se loge contre l’os pubien ou le sacrum de la mère, le bloquant dans le canal vaginal, une hypoglycémie néonatale, un risque de développer plus tard un diabète de type 2." En 2021, 16,4 % des femmes enceintes avaient un diabète gestationnel en France.