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L'accessibilité aux soins : un facteur clé dans la mortalité par cancer

En France, le manque d’accessibilité aux médecins généralistes favorise la surmortalité par cancer, selon une équipe de chercheurs français.

L'accessibilité aux soins : un facteur clé dans la mortalité par cancer Sergey Tinyakov / istock




L'ESSENTIEL
  • Une étude française met en évidence un lien entre l'accès limité aux soins primaires et une surmortalité par cancer, notamment pour les cancers du sein, du côlon, du poumon et du foie.
  • Basée sur plus de 150.000 cas de 2013 à 2015, elle révèle que les zones médicalement sous-dotées, autrement dit les déserts médicaux, favorisent des diagnostics tardifs et une prise en charge insuffisante des traitements.
  • Résultat, par exemple, les femmes les plus défavorisées ont un risque de décès accru de 69 % dans l’année suivant un diagnostic de cancer du sein, et de 126 % sur cinq ans.

Dans quelle mesure l'accès aux soins primaires influence-t-il la survie des patients atteints de cancer ? Une récente étude menée par des chercheurs français révèle un lien direct entre le manque d’accessibilité aux médecins généralistes et la surmortalité par cancer du sein, du poumon ou encore du côlon. Leur enquête, publiée dans la revue Cancer, met en lumière les conséquences concrètes des déserts médicaux sur la santé publique.

Dix types de cancers à l’étude

Contrairement aux travaux antérieurs, cette étude nationale, basée sur le registre des cancers français couvrant 20 % de la population métropolitaine, inclut les dix cancers les plus fréquents dans le pays : sein, colorectal, poumon, pancréas, prostate, mélanome, vessie, tête et cou, rein, foie. En analysant les données de plus de 150.000 patients diagnostiqués entre 2013 et 2015, les chercheurs ont utilisé des outils validés, comme le SCALE (Special accessibility multiscalar index) et l’APL (Accessibilité potentielle localisée), pour évaluer l’accessibilité aux soins primaires, tout en tenant compte des disparités socio-économiques des patients.

Les résultats confirment une surmortalité par cancer chez les patients ayant une faible accessibilité aux soins primaires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les femmes les plus défavorisées ont un risque de décès accru de 69 % dans l’année suivant un diagnostic de cancer du sein, et de 126 % sur cinq ans. Pour les hommes, ce risque atteint 9 % à un an pour le cancer du poumon, et 52 % à cinq ans pour le cancer du foie.

L’impact varie toutefois selon les cancers. Par exemple, aucun lien n’a été trouvé entre l’accessibilité aux soins primaires et la mortalité par cancer de la peau. Une observation que les scientifiques attribuent à la difficulté de détecter ces lésions dans un cadre de consultation par un généraliste.

L'urgence de lutter contre les déserts médicaux

"Les conséquences de vivre dans des zones médicalement sous-dotées sont probablement sous-estimées", notent les chercheurs dans un communiqué. Ces déserts médicaux favorisent des diagnostics plus tardifs et une moindre prise en charge des effets secondaires des traitements. Bien que les inégalités géographiques soient moins marquées que les inégalités sociales, elles jouent notamment un rôle crucial dans la prise en charge des cancers bronchiques, colorectaux et du foie.

Pour réduire cette surmortalité, il apparaît plus que jamais indispensable de renforcer l’accès aux soins primaires dans les déserts médicaux, et ainsi de garantir une équité territoriale dans la prise en charge du cancer, selon les scientifiques.

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