ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Cette bactérie intestinale pourrait aider à freiner les envies de sucre

Alimentation

Cette bactérie intestinale pourrait aider à freiner les envies de sucre

Par Mégane Fleury

La bactérie intestinale Bacteroides vulgatus est associée à une réduction des envies de sucre. 

Prostock-Studio/ISTOCK
Le microbiote intestinal est composé de milliards de bactéries, aux impacts divers sur la santé.
Des chercheurs ont découvert que l'une des bactéries est associée aux pulsions sucrées.
Lorsqu'elle est présente en faible quantité dans l'intestin, les souris ont davantage de pulsions sucrées.

Le microbiote intestinal influe sur notre état de santé. Ces milliards de bactéries ont un impact sur la digestion, le système immunitaire ou encore sur le métabolisme. Dans Nature Microbiology, des chercheurs chinois révèlent que l’une d’elles en particulier serait liée à nos pulsions sucrées. Ils l’ont découvert dans une étude menée sur des échantillons de sang humain et des souris. 

Un lien complexe entre envies alimentaires et bactéries intestinales 

"Les animaux sont biologiquement programmés pour avoir envie de sucre, mais une préférence pour le sucre non contrôlée peut entraîner une consommation importante, ce qui entraîne une glycémie élevée et un risque accru de maladies métaboliques", rappellent les auteurs en préambule. Des recherches précédentes ont montré que les envies alimentaires sont liées aux signaux envoyés au cerveau par l’intestin. "Cependant, la régulation des envies de sucre est un processus complexe et le rôle des microbes intestinaux n’est pas clair", estiment-ils. 

De faibles niveaux de Bacteroides vulgatus associés à davantage de pulsions sucrées 

Dans leurs travaux, ces scientifiques issus de différentes universités chinoises ont analysé le sang de 18 souris atteintes de diabète qui avait été induit artificiellement, et de 60 patients diagnostiqués pour un diabète de type 2. Les différents résultats ont été comparés à ceux d’échantillons témoins sans pathologie. Les chercheurs ont découvert que les souris et les humains diabétiques présentaient des niveaux réduits de FFAR4 dans le sang. Cette protéine active la sécrétion de GLP-1, une hormone qui régule la glycémie et l’appétit. En analysant ensuite la préférence pour le sucre des souris, ils ont observé qu’elle était corrélée à de faibles niveaux de FFAR4. Ces derniers étaient aussi associés à une plus faible quantité de Bacteroides vulgatus, une bactérie intestinale, et de son métabolite appelé pantothénate. 

Sucre : les bactéries intestinales peuvent-elles réguler nos pulsions ?

Dans des modèles de souris, les chercheurs chinois ont découvert que le pantothénate était responsable de la sécrétion de GLP-1 et de FGF21, une hormone hépatique qui agit directement sur l'hypothalamus, la région du cerveau qui contrôle le comportement alimentaire. Ils ont testé cette association en nourrissant des souris diabétiques avec du pantothénate ou en colonisant leur intestin avec B. vulgatus. Ces deux techniques ont permis de réduire considérablement les pulsions sucrées des rongeurs. Pour les auteurs, il est possible que la bactérie soit une piste thérapeutique pour réduire les envies de sucre. "Des recherches cliniques supplémentaires sont nécessaires pour étudier cet axe intestin-foie-cerveau comme cible pour des thérapies qui pourraient aider à gérer les maladies métaboliques", préviennent-ils.