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Commission d'experts

Obésité : l’IMC ne suffit plus au diagnostic

Par Sophie Raffin

Une commission d’experts internationaux a repensé les conditions du diagnostic de l’obésité afin qu’il ne se limite plus à l’indice de masse corporelle (IMC).

Liudmila Chernetska/istock
Une commission internationale a proposé une refonte du diagnostic de l’obésité.
Les experts ne limitent plus le diagnostic à l’indice de masse corporelle pour définir le stade d’obésité.
Le diagnostic d’obésité passe par la mesure de la graisse corporelle, soit directe, soit par des indicateurs comme le tour de taille.

L’obésité progresse fortement à travers le monde. L’incidence chez les adultes a plus que doublé depuis 1990, et même quadruplé chez les adolescents. Selon l’OMS, une personne sur 8 à travers le globe souffrait d’obésité en 2022.

Pour mieux prendre en charge cette “épidémie”, une commission de 58 experts de différents pays et spécialités médicales et des patients a élaboré une refonte du diagnostic de l’obésité, présentée dans un rapport publié dans la revue The Lancet, le 14 janvier 2025. L’IMC n’est plus le seul marqueur de la maladie.

Obésité : d’autres critères s’ajoutent à l’IMC pour le diagnostic

Actuellement, l’IMC est l'indicateur majeur pour évaluer la corpulence d’un patient. Mais, il n'est pas assez fin, selon les experts. En effet, si l’indice permet de prédire une obésité supérieure à 40 kg/m2 sans aucun souci, il manque de précision pour les scores inférieurs.

La commission recommande ainsi que le diagnostic d’obésité passe aussi par la mesure directe de la graisse corporelle, "si elle est possible" ou des mesures anthropométriques comme le tour de taille, les rapports taille/hanches ou tour de taille/hauteur. Par exemple, le seuil du tour de taille pour être diagnostiqué obèse est à partir de 102 cm chez les hommes et de 88 cm chez les femmes.

De plus, pour établir un diagnostic d’obésité préclinique, c'est-à-dire une maladie chronique et systémique, le patient doit présenter l'un ou l’autre de deux critères principaux :

L’obésité a été redéfinie

Au-delà de repenser les outils du diagnostic d’obésité, la commission a aussi tenu à redéfinir l’obésité. Elle fait la distinction entre obésité clinique et préclinique. L'Académie Nationale de la Médecine l'a détaillé dans un communiqué. La première est "une maladie chronique, systémique, liée à un excès d’adiposité dans de nombreux organes et tissus dont les fonctions sont altérées, avec ou sans anomalie de distribution ou fonction du tissu adipeux lui-même". Ses causes sont multifactorielles. Par ailleurs, l’obésité clinique peut provoquer des "complications graves, métaboliques (diabète), cardiovasculaires, vasculaires cérébrales, rénales, de cancers et d’une mortalité proportionnelle à la masse grasse".

L'obésité "préclinique" de son côté correspond à une adiposité excessive sans atteinte des autres tissus et des organes. Elle présente aussi un "risque variable, mais généralement accru, de développer une obésité clinique et plusieurs autres maladies non-transmissibles (par exemple, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, certains types de cancer et les troubles mentaux)".

Les experts préconisent une prise en charge des patients atteints d'obésité clinique offrant "un traitement de l’obésité elle-même ainsi que des atteintes cliniques associées" afin de prévenir la progression de la maladie et de ses complications. Les personnes ayant reçu un diagnostic d’obésité préclinique doivent se voir proposer une "prise en charge associant des recommandations, en particulier d’activité physique et d’alimentation, un suivi médical et éventuellement un traitement destiné à réduire le risque d’évolution vers l’obésité clinique".

"En fournissant une nouvelle définition et un nouveau cadre de diagnostic, la Commission identifie quand l'obésité est un facteur de risque (obésité préclinique) et quand elle représente une maladie autonome (obésité clinique)", précise l'éditorial accompagnant le rapport paru dans The Lancet.

"Adopter une approche nouvelle et plus précise de l'identification de l'obésité et de changer les perceptions sociétales prendra du temps et des efforts, mais au cœur de ces propositions se trouve l'objectif d'améliorer la vie des personnes souffrant d'obésité. Nous avons maintenant la possibilité de transformer les soins de l'obésité, en passant d'un système dans lequel les individus sont considérés sous une seule étiquette à un système qui reconnaît la santé et les besoins uniques de chaque personne", concluent les auteurs.