- Des chercheurs chinois ont demandé à des personnes d’associer 48 mots aléatoires sans signification particulière à une liste d’images négatives puis positives.
- Lorsque des enregistrements audios des mots prononcés à haute voix ont été diffusés durant le sommeil paradoxal, le rappel des souvenirs traumatisants devenait plus faible et les intrusions involontaires de souvenirs positifs augmentaient.
- En outre, la réactivation de bons souvenirs a renforcé les jugements affectifs positifs après le sommeil.
Se remémorer des expériences douloureuses ou traumatisantes peut être profondément troublant. De précédentes recherches ont suggéré que le sommeil pouvait offrir la possibilité de réduire cette souffrance et plus précisément de réactiver les bons souvenirs. Pour en avoir cœur net, des chercheurs de l’université de Hong Kong (Chine) ont introduit une procédure d'édition de la mémoire visant à affaiblir les flashbacks négatifs en réactivant des souvenirs positifs plus récents pendant le sommeil paradoxal. Il s’agit d’une "période durant laquelle l’activité cérébrale est proche de celle de la phase d’éveil", selon l’Inserm. Cette dernière, aussi appelée période REM (Rapid Eye Mouvement) en raison de fréquents mouvements oculaires rapides (sous les paupières fermées), est propice aux rêves notamment ceux dont on peut garder le souvenir une fois éveillé.
48 mots sans signification associés à des images négatives et positives
Dans le cadre de l’intervention, 37 personnes ont associé 48 mots aléatoires sans signification particulière à une liste d’images dites "négatives", comme des blessures ou des animaux dangereux. Ensuite, ils ont dormi. Le soir suivant, les participants ont fait des liens entre la moitié des mots précédemment appris et des images positives (des enfants souriants, des beaux paysages…), créant ainsi une interférence. Au cours du sommeil, avec des mouvements oculaires rapides, des enregistrements audios des mots prononcés à haute voix ont été diffusés afin de consolider la mémoire. Par la suite, l’activité cérébrale des volontaires a été examinée à l’aide d’un électroencéphalogramme.
Une intervention non-invasive sur le sommeil modifie les mauvais souvenirs et les réponses affectives
Selon les résultats, publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), la présentation d'indices associés à des images négatives et positives pendant le sommeil, par opposition à l'absence d'indices, a affaibli le rappel de mauvais souvenirs tout en augmentant les intrusions de souvenirs positifs. "À l'appui de ces avantages pour la mémoire, la modélisation a révélé que la diffusion des enregistrements audio facilitait l'accumulation de preuves en faveur de jugements d'affects positifs. En outre, les rythmes cérébraux thêta déclenchés par les enregistrements audio pendant le sommeil paradoxal prédisaient de manière prédominante le rappel de souvenirs positifs."
D’après les auteurs, cette procédure pourrait contribuer à traiter des troubles mentaux liés aux souvenirs traumatisants, comme le syndrome du stress post-traumatique, l’anxiété et la dépression.