Le xénon, l’un des gaz nobles les plus rares et le plus cher, n’est pas inconnu du monde de la santé. Il est utilisé en imagerie et en anesthésie. Des chercheurs du Mass General Brigham et du Washington University School of Medicine de Saint-Louis ont trouvé un autre champ d’action médical possible à ce gaz.
Leur étude a montré qu’inhaler du xénon pouvait aider à lutter contre la maladie d’Alzheimer. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Science Translational Medicine, le 15 janvier 2025.
Maladie d’Alzheimer : le gaz xénon affiche un effet protecteur
"L’une des principales limites dans le domaine de la recherche et du traitement de la maladie d’Alzheimer est qu’il est extrêmement difficile de concevoir des médicaments qui peuvent traverser la barrière hémato-encéphalique, mais le gaz xénon y parvient", explique le Pr Oleg Butovsky, co-auteur correspondant de l’étude dans un communiqué. C'est en partant de ce constat, que le scientifique a eu l’idée d’utiliser ce gaz – utilisé comme anesthésique et comme neuroprotecteur lors de lésions cérébrales – sur des rongeurs atteints de la maladie d’Alzheimer.
Les tests ont montré que les animaux atteints de la pathologie neurodégénérative ayant respiré du xénon, présentaient moins d’atrophie cérébrale et de neuroinflammation que les autres. De plus, une amélioration de leurs comportements de construction de nids était observée.
Par ailleurs, l’inhalation de gaz xénon induisait et augmentait la réponse de la microglie, les cellules immunitaires protégeant le cerveau.
"Ensemble, ces résultats identifient le potentiel prometteur de l'inhalation de xénon comme approche thérapeutique qui pourrait modifier l'activité microgliale et réduire la neurodégénérescence dans la maladie d'Alzheimer", écrivent les auteurs dans leur communiqué.
Xénon et Alzheimer : un essai clinique en préparation
Face à ces résultats très encourageants, les scientifiques ont décidé de lancer un essai clinique de phase 1 cette année. Ils vont profiter de cette nouvelle expérience qui sera menée avec des volontaires humains, pour déterminer les mécanismes par lesquels le gaz xénon produit ses effets protecteurs contre Alzheimer, ainsi que son potentiel pour traiter d'autres troubles comme la sclérose en plaques, la maladie de Charcot ou encore des pathologies oculaires impliquant la perte de neurones.
"Si l’essai clinique se déroule bien, les possibilités d’utilisation du gaz xénon sont nombreuses", assure le Dr Howard Weiner, co-auteur de l’étude sur les rats et chercheur principal de l’essai clinique à venir. "Cela pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements pour aider les patients atteints de maladies neurologiques."