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Hypothalamus

Obésité : un autre gène du cerveau serait responsable de la prise de poids

Par Geneviève Andrianaly

Les mutations du gène OTP influencent la quantité d’une protéine, appelée « récepteur de la mélanocortine 4 (MC4R) » affectant la faim, produite par les neurones hypothalamiques.

arbobii/iStock
Chez des souris présentant des mutations du gène OTP, une importante prise de poids a été observée après l’introduction d’un régime riche en graisses.
Elles ont aussi développé une obésité précoce, un taux de cholestérol élevé, une maladie du foie gras et un diabète de type 2.
Après avoir pris du setmelanotide, un médicament utilisé pour traiter l’obésité, une réduction de leurs problèmes de santé a été observée.

L'envie de manger ou pas chez les êtres humains et les animaux est largement contrôlée par une partie du cerveau appelée hypothalamus. "Dans le cadre de ce mécanisme complexe, une protéine nommée récepteur de la mélanocortine 4 (MC4R), présente à la surface de certains neurones hypothalamiques, se lie à différentes protéines qui suppriment ou augmentent la faim", a déclaré Chen Liu, professeur associé de médecine interne et de neurosciences et chercheur au Centre de recherche hypothalamique de l'UT Southwestern (États-Unis). Selon de précédentes recherches, les mutations entraînant la perte de la fonction du MC4R conduisent à une obésité sévère. Cependant, il existe peu de connaissances sur la manière dont les neurones contrôlent la quantité de MC4R, ce qui affecte à son tour le niveau de protection de cette protéine contre l'obésité.

Les souris dépourvues du gène OTP sont devenus obèses après une alimentation riche en graisses

Pour combler ces lacunes, le scientifique et son équipe ont mené des expériences sur des souris afin de déterminer les gènes responsables de la production de MC4R dans les neurones hypothalamiques. Ces derniers ont identifié le gène OTP, produisant une protéine chez les rongeurs qui semble se lier directement aux séquences d'ADN contrôlant l'expression du MC4R. Ces facteurs suggèrent que l'OTP pourrait réguler la production de MC4R. Lorsque les auteurs ont modifié génétiquement les rongeurs pour désactiver l'OTP, ces animaux ont pris beaucoup de poids et sont devenus obèses après avoir été soumis à un régime riche en graisses. Un examen plus approfondi a révélé que leur prise de poids était liée à une augmentation de la consommation de nourriture et que les animaux génétiquement modifiés produisaient nettement moins de MC4R que d’autres souris, "ce qui prouve que l'OTP influence la quantité de MC4R produite par les neurones hypothalamiques".

Le setmelanotide, "utile pour traiter l'obésité"

Afin d’aller plus loin, les chercheurs ont créé des souris porteuses de la même mutation. Résultat : elles ont développé une obésité précoce, un taux de cholestérol élevé, une maladie du foie gras et un diabète de type 2. Lorsque l’équipe les a traitées avec du setmelanotide, un médicament utilisé pour traiter une forme génétique rare d'obésité causée par des déficiences dans la signalisation MC4R, ces problèmes de santé se sont progressivement inversés. "Il pourrait être donc utile pour traiter l'obésité chez les patients", a conclu l’auteur principal des travaux, publiés dans la revue Science Translational Medicine.