Huit ans après le début du traitement par fécondation in vitro (FIV), 48 % des couples sont devenus parents grâce à cette technique ou à un autre traitement médical, selon l’Institut national d'études démographiques (Ined). La FIV ne fonctionne donc pas toujours et plusieurs facteurs entrent en jeu pour expliquer cet échec, comme le tabagisme, le contact avec des perturbateurs endocriniens ou encore la pollution. Sur ce dernier facteur, une récente étude publiée dans la revue Environment International apporte une nouvelle preuve.
L’impact de la pollution atmosphérique sur la FIV
D’après les chercheurs de la Rollins School of Public Health de l'Université Emory, c’est plus précisément la pollution de l’air qui réduit les chances de réussite d’une FIV. Celle-ci aurait un impact négatif sur le développement de l'embryon.
Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques ont étudié les échantillons de 500 donneurs d'ovocytes anonymes et de 915 bénéficiaires hommes qui ont tous fait une FIV entre 2008 et 2019. En parallèle, ils ont calculé l’exposition quotidienne aux polluants en fonction de différents critères tels que l’adresse résidentielle.
Ainsi, ils ont observé que la pollution de l'air avait bien un impact sur la FIV. Plus précisément, l'exposition au carbone organique (qui est souvent lié aux particules fines PM2,5 car issu de diverses sources de combustion comme les pots d’échappement des voitures) réduisait les chances de survie des ovocytes, de réussite de la fécondation et la qualité de l’embryon.
"La particularité de [cette étude] est que les expositions aux spermatozoïdes et aux ovocytes ne sont pas corrélées, ce qui nous permet d'évaluer leur impact sur la fécondation et la qualité de l'embryon de façon distincte, souligne Audrey Gaskins, l’une des autrices. Et nous avons constaté que les expositions maternelles et paternelles à la pollution atmosphérique pendant la gamétogenèse [processus de développement des cellules germinales, c’est-à-dire reproductrices] avaient des effets indépendants, largement néfastes, sur les résultats embryologiques précoces.” Cela signifie que même avant la FIV, la pollution atmosphérique impacte la qualité des cellules reproductrices des hommes et des femmes.
Réduire l’exposition des couples qui essaient d’avoir un enfant
“D’après notre étude et d’autres, la pollution de l’air est certainement une source d’exposition préoccupante pour les personnes qui cherchent [à avoir un enfant], explique Sarah LaPointe, première autrice de l’étude, dans un communiqué. Il faudrait se concentrer sur la réduction des expositions pour ces populations, parmi de nombreuses autres populations”.
Selon l’UNICEF, l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé humaine est de plus en plus important. La 5e édition du rapport State of Global Air (SoGA) indique qu’en 2021, l’exposition des humains à celle-ci aurait été à l’origine de 8,1 millions de décès dans le monde.