Une consommation excessive d’alcool se lit souvent sur le visage. L’alcool accélère en effet le vieillissement de la peau. Mais, d’après une étude de l’Inserm parue le 15 janvier dans Neurology, une forte consommation d’alcool – de l’ordre de 3,5 verres par jour – entre 40 et 60 ans accélèrerait aussi le déclin cognitif.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs de l’Inserm ont soumis 5054 hommes et 2099 femmes à tests cognitifs lorsqu’ils avaient 56 ans, puis 5 et 10 ans plus tard. Lors d’un test de mémoire, les participants devaient se rappeler en une minute du plus de mots possibles parmi la liste des 20 mots qui étaient énoncés juste auparavant. Ensuite, c’était leur capacité de raisonnement qui a été évaluée grâce à des tests dits de « fluence verbale » durant lesquels ils devaient écrire respectivement le plus de mots commençant par S et de mots d’animaux, en une minute.
Pas de risque avec une consommation modérée
A tous les tests, les gros buveurs enregistrent de moins bons résultats que les autres. Cette différence est selon les tests cognitifs, comprise entre 1.5 et 6 années supplémentaires de déclin cognitif. Un gros buveur de 55 ans aurait un déclin de mémoire comparable à celui d’une personne de 61 ans. En revanche, une consommation modérée d’alcool, c’est-à-dire moins de 2 verres d’alcool par jour, ne présente pas de risque. Quant aux anciens buveurs, ils obtenaient aussi les mêmes tests que les non-buveurs.
Chez les femmes, l’étude est moins concluante car le nombre de participantes ayant une telle consommation excessive d’alcool était trop peu important. Mais plus de 2 verres d’alcool quotidiens semblaient avoir un impact délétère sur les fonctions exécutives.
Si l’association entre consommation d’alcool et déclin cognitif apparaît clairement, l’explication de ce phénomène est en revanche moins évidente. Les auteurs de ce travail évoquent deux hypothèses. Tout d’abord, une forte consommation d’alcool est un facteur de risque reconnu de maladies vasculaires et il existe de nombreux arguments en faveur d'une contribution de différents facteurs vasculaires au déclin cognitif. Ensuite, une forte consommation d’alcool aurait un effet délétère à court et long termes sur le cerveau, via des effets neurotoxiques et pro-inflammatoires, et des effets indirects via les maladies cerobro-vasculaires et la déficience en vitamines.