Nos gènes sont de précieux indicateurs de notre état de santé futur. Depuis plusieurs années, les scientifiques travaillent sur des indicateurs génétiques pour étudier les troubles de la santé mentale. Appelés score polygéniques, ils permettent d’évaluer la prédisposition d’un individu à développer certaines pathologies. Dans Nature Human Behaviour, des chercheurs américains ont analysé les liens entre ce score et le travail.
Des professions plus à risque de développer certaines pathologies mentales
Selon leur analyse, basée sur les informations médicales de plus de 400.000 personnes, les personnes travaillant dans les domaines artistiques et dans le design ont plus de risque d’avoir un score polygénique associé à une maladie mentale dont l’anorexie, le trouble bipolaire, l’autisme ou la dépression. Les individus qui exercent une profession liée à l’informatique ont plus de risques d’avoir des gènes les prédisposant aux troubles du spectre autistique. Les enseignants étaient plus susceptibles de posséder ceux liés à l’anorexie et au TDAH. Pour ce dernier, les agriculteurs, les pêcheurs et les bûcherons ont aussi plus de risque de posséder le score génétique associé. Quant aux travailleurs sociaux, ils sont potentiellement plus vulnérables face à la dépression.
Santé mentale : quels sont les liens entre le métier et le risque de troubles mentaux ?
"Les troubles neuropsychiatriques sont à la fois courants et très héréditaires, mais ils restent fortement stigmatisés", rappelle Georgios Voloudakis, auteur principal de cet article scientifique, à Medical Xpress. Dans ces travaux, le chercheur et son équipe ont constaté que le score polygénique ne permet pas de déterminer la catégorie socioprofessionnelle des individus. Selon eux, la génétique a une influence minime sur les choix professionnels, et ces derniers sont plutôt conditionnés par l’âge, le sexe ou le niveau d’éducation.
Travail : la santé mentale peut influencer la carrière
En revanche, ils se sont intéressés aux obstacles auxquels les personnes ayant une prédisposition génétique à certains troubles pourraient être confrontées. "Par exemple, nous avons constaté que certaines associations liées au trouble déficitaire de l'attention/hyperactivité (TDAH) sont largement médiées par le niveau d'éducation, un moteur clé des évolutions de carrière, développe ce spécialiste. Cela implique que les biais systémiques dans l'éducation peuvent affecter de manière disproportionnée les personnes ayant une prédisposition génétique plus élevée au TDAH, même si elles ne reçoivent jamais de diagnostic réel." À l’avenir, l’équipe de recherche désire poursuivre ses travaux pour mieux comprendre comment les variations génétiques associées aux troubles neuropsychiatriques influencent notre psychologie et notre état de santé en général.