Les perles ne seraient pas la chose la plus précieuse que les huîtres pourraient offrir aux humains, selon des chercheuses de l’université australienne Southern Cross University. En étudiant les Saccostrea glomerata, spécimens endémiques de leur région, elles ont découvert que leur sang pouvait aider à lutter contre les super bactéries et renforcer l’efficacité des antibiotiques.
Leurs travaux ont été publiés dans la revue PLOS One, le 21 janvier 2025.
Huître : la protéine détruit la barrière protectrice des bactéries
En examinant l’hémolymphe (l’équivalent du sang chez les mollusques) de ces huîtres australiennes, l’équipe a remarqué une protéine capable de tuer la bactérie Streptococcus pneumoniae, qui cause principalement la pneumonie, et Streptococcus pyogenes, responsable de l'angine streptococcique et de la scarlatine. Des tests menés sur des cultures cellulaires ont montré que combiner cette protéine avec des antibiotiques améliore l'efficacité du traitement contre les agents pathogènes entre deux et 32 fois.
"Les résultats se sont révélés particulièrement prometteurs pour les Streptococcus spp., Staphylococcus aureus (également connu sous le nom de « staphylocoque doré », une cause principale d’infections cutanées et sanguines résistantes aux médicaments) et Pseudomonas aeruginosa (un problème majeur pour les patients immunodéprimés atteints de mucoviscidose)", ont précisé les co-auteures Kirsten Benkendorf et Kate Summer dans leur article de vulgarisation paru dans The Conversation.
Comment la protéine parvient à lutter contre les bactéries résistantes ? Elle empêche la formation du biofilm que les agents pathogènes forment pour se défendre contre le système immunitaire ou les antibiotiques.
Antibiorésistance : deux douzaines d'huîtres pour une dose
La biologiste Kirsten Benkendorf a estimé qu'environ deux douzaines d'huîtres permettraient de réunir assez d'hémolymphe pour fournir une dose active de la protéine à une personne. Toutefois, ne vous ruez pas sur les bourriches de ce mollusque aussi baptisé Sydney rock oyster.
"Je ne suggérerais certainement pas aux gens de manger des huîtres au lieu de prendre des antibiotiques s'ils ont une infection grave", a précisé la chercheuse au Guardian. Au vu des connaissances actuelles, il n’est pas certain que la protéine aux propriétés anti-bactériennes soit efficace lorsqu’elle est ingérée. En effet, contrairement à plusieurs antibiotiques, elle peut être décomposée par le système digestif.
D’autres recherches sont nécessaires pour déterminer comment utiliser au mieux la protéine ainsi que pour comprendre son fonctionnement. Par ailleurs, les travaux présentés aujourd'hui n’ayant été menés que sur des cultures cellulaires, il faut également évaluer son efficacité sur des organismes vivants via des tests sur les animaux et les humains.