La dyskinésie tardive correspond à une difficulté ou une anomalie dans l’exercice d’un mouvement. Plus précisément, il s’agit d’un ensemble de mouvements involontaires anormaux d'amplitude variable, irréguliers, parfois rythmiques, étendus ou localisés, selon l’Académie de Médecine. Les symptômes, qui sont souvent irréversibles, se manifestent principalement dans les muscles orofaciaux et occasionnellement dans ceux des extrémités, du tronc et des articulations de la hanche. "En plus de l’inconfort physique, ce trouble entraîne souvent une faible productivité, une stigmatisation, une aliénation sociale, une mortalité accrue et une non-observance du traitement de la maladie sous-jacente", ont signalé des chercheurs de l’université de Kyūshū (Japon).
Dyskinésie tardive : prendre plus de 75 mg d’antipsychotiques par jour augmente le risque
Étant donné que la dyskinésie tardive survient principalement chez les personnes prenant des antagonistes des récepteurs de la dopamine à long terme, tels que les antipsychotiques, les scientifiques ont voulu déterminer la dose à ne pas dépasser afin d’éviter d’en souffrir. Ainsi, ils ont, dans le cadre d’une recherche, utilisé une base de données japonaises recueillies de 2010 à 2020. La population étudiée comprenait 58.452 personnes âgées de 15 ans ou plus ayant reçu un diagnostic de schizophrénie, de dépression ou de trouble bipolaire et ayant une ordonnance pour des antipsychotiques. "La dose quotidienne médiane de chlorpromazine était de 75 mg par jour."
D’après les résultats, parus dans la revue Journal of Clinical Psychopharmacology, parmi les participants, 80 ont présenté une dyskinésie tardive. Les auteurs ont constaté que les doses supérieures à 75 mg par jour lors de la dernière prescription et la dose maximale avant la date du diagnostic de dyskinésie tardive étaient associées à un risque significativement accru de mouvements involontaires, anormaux et souvent saccadés. Dans des analyses plus poussées, il y avait un lien significatif entre "les doses supérieures à 300 mg par jour et le risque de dyskinésie tardive par rapport aux doses inférieures ou égales 75 mg par jour et aux doses supérieures à 75 à inférieures à 300 mg par jour. En comparant les doses ≥ 300 mg/j à > 75 à < 300 mg/j, les rapports de cotes à la dernière prescription et à la dose maximale avant le premier diagnostic de dyskinésie tardive étaient respectivement de 3,40 et 3,50."
Une surveillance accrue des patients prenant des antipsychotiques est nécessaire
Face à ces données, l’équipe souligne qu’il est crucial de prendre en compte les risques potentiels de dyskinésie tardive et de suivre de près les patients prenant des antipsychotiques. Pour rappel, ces traitements sont indiqués essentiellement en cas de schizophrénie, pour soulager les symptômes de la psychose comme les idées délirantes, les hallucinations, la désorganisation de la pensée et l’agressivité.