ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Virus HPV : une étude française perce un peu plus les mystères des infections

Papillomavirus humain

Virus HPV : une étude française perce un peu plus les mystères des infections

Par Stanislas Deve

Des chercheurs du CNRS ont analysé l’évolution des infections à papillomavirus humain (HPV), impliquées dans le cancer du col de l’utérus, sur près de 200 femmes.

champpixs / istock
Près de 20 % des femmes de moins de 25 ans sont touchées par des infections à papillomavirus humain (HPV). Si la plupart des cas disparaissent spontanément en moins de deux ans, sans symptômes, certaines infections peuvent toutefois persister et entraîner des complications graves, comme le cancer du col de l'utérus.
Les résultats montrent que les infections non persistantes, qui durent moins de 24 mois (au-delà on parle d’infection chronique), atteignent un plateau de charge virale environ deux mois après l’infection, lequel persiste pendant 13 à 20 mois avant une réduction rapide.
Le vaccin contre le HPV est aujourd’hui recommandé pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans. Si le vaccin est administré avant 14 ans, on estime qu’il prévient jusqu’à 90 % des infections à HPV à l’origine des cancers.

Les infections à papillomavirus humain (HPV) sont très répandues, en particulier chez les jeunes femmes : près de 20 % des moins de 25 ans sont touchées. Si la plupart des cas disparaissent spontanément en moins de deux ans, sans symptômes, certaines infections peuvent toutefois persister et entraîner des complications graves, comme le cancer du col de l'utérus. Chaque année, les HPV sont ainsi responsables de plus de 600.000 nouveaux cas de cancers dans le monde, dont 6.400 en France, selon l’Institut national du cancer.

Alors qu’une campagne de vaccination doit commencer ce mercredi 22 janvier dans tous les collèges privés et publics de Paris, jusqu’au 11 avril, une nouvelle étude française, publiée dans la revue PLOS Biology, apporte un nouvel éclairage sur les différences entre infections aiguës et chroniques, élément essentiel pour améliorer les stratégies de traitement et de prévention.

Un plateau de charge virale deux mois après l’infection au HPV

Pour comprendre les dynamiques de l’infection, l’équipe dirigée par Samuel Alizon, chercheur au CNRS, a suivi 189 femmes âgées de 18 à 25 ans sur une période maximale de 24 mois. Un communiqué précise que les participantes étaient examinées tous les deux mois, ce qui a permis de recueillir des données précises sur la charge virale et les marqueurs immunitaires.

Les résultats montrent que les infections non persistantes, qui durent moins de 24 mois (au-delà on parle d’infection chronique), atteignent un plateau de charge virale environ deux mois après l’infection, lequel persiste pendant 13 à 20 mois avant une réduction rapide. "La majorité des infections à HPV sont à mi-chemin entre les infections aiguës qui montent et descendent très vite, type grippe ou Covid, et les infections chroniques plus longues", souligne Samuel Alizon dans les colonnes du Monde.

Pourquoi l’infection persiste-t-elle sur plusieurs mois ? "Le HPV infecte les cellules souches à la base de l’épithélium [qui tapisse notamment la muqueuse vaginale], et, quand ces cellules se différencient et meurent à la surface de l’épithélium, le virus est libéré, explique le chercheur. Donc l’infection dure tant que ces cellules souches sont en vie, c’est un peu le réservoir de l’infection." Différents mécanismes permettent ensuite d’expliquer la guérison de la majorité des patientes, à commencer par l’activation de la réponse immunitaire innée.

Renforcer la couverture vaccinale chez les jeunes

Alors que la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) prévient jusqu’à 90 % des infections HPV, les taux de vaccination des adolescents français restent bien inférieurs à l’objectif de 80 % à horizon 2030 fixé par la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, selon l’Assurance Maladie.

Le vaccin est aujourd’hui recommandé pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans, avec l’administration de deux doses espacées de cinq mois au minimum. Un rattrapage est possible de 15 à 19 ans, avec trois doses. Depuis la rentrée scolaire de 2023, cette vaccination est proposée au collège afin de renforcer la couverture vaccinale chez les jeunes. Si le vaccin est administré avant 14 ans, on estime qu’il prévient jusqu’à 90 % des infections à HPV à l’origine des cancers. Une efficacité qui baisse à 40 % après 17 ans.

Consultez notre ouvrage vidéo numérique,

seule une création de compte est requise pour y accéder.