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Santé mentale

Confinement : une détresse psychologique plus importante chez les enfants des travailleurs essentiels

Par Geneviève Andrianaly

Les enfants des employés de première ligne, qui n’ont pas été accueillis à l’école durant le premier confinement, étaient davantage exposés aux réseaux sociaux et avaient plus le sentiment d’être submergés par les devoirs.

lithiumcloud/iStock
Les jeunes des travailleurs de première ligne, hors ceux des professionnels de santé pour lesquels un accueil en classe était organisé, ont connu davantage une détresse psychologique durant le premier confinement.
Bien que les filles soient généralement plus enclines à exprimer leurs émotions, elles étaient plus touchées.
Dans les familles à faibles revenus, les causes de cette souffrance mentale étaient principalement les conditions de logement, l’impossibilité pour les parents d’être présents avec eux au domicile et plus généralement de se protéger de l’exposition au virus.

Éboueurs, pompiers, caissières, policiers, auxiliaires de vie… Lors de pandémie de coronavirus, plus précisément durant le confinement strict du 16 mars au 11 mai 2021, ces salariés ont poursuivi leur activité sur leur lieu de travail. D’après une étude, appelée "Confeado" et menée par Santé publique France, leur métier a joué un rôle dans la dégradation de la santé mentale de leurs enfants pour lesquels un accueil en classe n’était pas organisé. Afin de parvenir à cette conclusion, 3.898 jeunes, âgés de 9 à 18 ans, dont 81 pris en charge par la protection de l’enfance, ont été recrutés. Plus précisément, l’échantillon était composé de 69,1 % de filles et 30,9 % de garçons.

Dans les familles défavorisées, les enfants ont fait face à la Covid-19 et au deuil

Selon les résultats, cette période d’isolement n’a pas affecté la santé mentale de tous les enfants et les adolescents de la même façon. Les jeunes des employés dits "essentiels" ont plus fréquemment souffert de détresse psychologique que les autres. Les filles étaient plus touchées. Pour rappel, les facteurs associés à une détresse psychologique sévère sont "le fait de passer plus de cinq heures par jour sur les médias sociaux, de faire moins d’une heure de devoirs scolaires par jour, de ne pas avoir d’activités de loisir ou de récréation avec les adultes du foyer, mais aussi l’impossibilité pour l’enfant ou l’adolescent de pouvoir s’isoler dans une pièce à soi dans la maison."

Dans le cas des jeunes interrogés et suivis, la souffrance mentale était provoquée par les conditions de logement (une moindre possibilité de s’isoler faute de place), l’impossibilité pour les parents d’être présents avec eux au domicile et plus généralement de se protéger de l’exposition au virus. En effet, les familles défavorisées présentaient plus de formes graves et avaient moins recours aux services de santé, ce qui entraînait une plus forte morbidité et mortalité face à la Covid-19 dans ces foyers. Ainsi, les enfants et les adolescents ont fait davantage face au deuil.

Des jeunes débordés par les devoirs en raison d’outils numériques moins performants

En outre, le fait de devoir continuer à travailler alors que les écoles étaient fermées a restreint le partage d’activités en commun, augmenté l’exposition des enfants aux médias sociaux, ainsi que leur sentiment d’être débordés par les devoirs. Dans les familles à faibles revenus, ce sentiment s’expliquait par un moindre accès des enfants à des outils numériques de bonne qualité pour faire leurs devoirs, ainsi que par une moindre disponibilité de leurs parents.

"Dans l’éventualité de futurs confinements (quelle qu’en soit la raison), préserver la continuité de l’enseignement et dès que possible le retour en classe des enfants de ces travailleurs, dans des conditions rassurantes, sont deux actions qui pourraient contribuer à limiter le sentiment d’être submergé par le travail scolaire, l’exposition aux écrans et l’impact négatif qui en découle sur leur santé mentale. Les facteurs de protection tels que la qualité des relations et les activités sans écran au sein de la famille doivent par ailleurs être renforcés et promus par des informations accessibles et appropriées destinées aux parents et aux enfants", a conclu Santé publique France.