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Allergies

Pourrait-on guérir l’allergie alimentaire en ciblant une protéine intestinale ?

Par Diane Cacciarella

Les allergies pourraient être dues à RELMb, une protéine intestinale qui, quand elle est présente en quantités importantes, modifie le microbiote.

iLexx/iStock
Les chercheurs ont découvert que la protéine intestinale RELMb pourrait être la cause des allergies alimentaires.
Cette protéine perturbe le microbiote et la tolérance de l’organisme aux antigènes alimentaires déclencheurs d’allergies.
En inhibant RELMb chez des souris, ils ont rétabli leur tolérance aux allergènes et mis fin à leur allergie.

Noix, fruits de mer, oeufs, lait, arachides, blé… Voici les déclencheurs d’allergies les plus fréquents. Mais pourquoi ? Des chercheurs du Boston Children's Hospital, aux États-Unis, ont peut-être trouvé la réponse : RELMb, une protéine intestinale qui, quand elle est présente en quantités importantes, modifie le microbiote. Plus précisément, elle perturbe la RELMb perturbe la tolérance de l’organisme aux antigènes (substance étrangère à l'organisme, qui peut déclencher une réponse immunitaire pour l’éliminer) alimentaires déclencheurs. 

Une protéine qui modifie le microbiote intestinal

Durant leurs travaux, publiés dans la revue Nature, les chercheurs ont découvert le mécanisme d’action de RELMb : cette protéine épuise surtout une espèce de bactérie intestinale qui produit des indoles. Ces composés - ainsi que ses dérivés - stimulent la production de lymphocytes T, qui reconnaissent les allergènes alimentaires et les considèrent comme inoffensifs. 

Nous avons montré que RELMb était très présente chez les enfants souffrant d'allergie alimentaire, explique le Dr Talal Chatila, l’un des auteurs, dans un communiqué. Chez ces enfants, les scientifiques ont aussi constaté une diminution de la quantité d’indoles et de ses dérivés. La conséquence est que les lymphocytes T ne remplissent plus leur fonction, ce qui explique l’allergie.

Inhiber la protéine pour traiter les allergies alimentaires

C’est donc quand il y a trop de RELMb que l’allergie alimentaire peut se développer. Mais est-ce possible de contrôler la quantité ? Lors d’expériences réalisées en laboratoire sur des souris, les scientifiques ont découvert un moyen d’inhiber RELMb. En effet, ils ont réussi à bloquer la protéine, ce qui a eu plusieurs conséquences : 

Et l’inverse était aussi vrai : donner plus de RELMb à des souris non prédisposées aux allergies alimentaires les a rendues allergiques.

Grâce à leur découverte, les chercheurs espèrent la mise au point d’un nouveau traitement préventif ou curatif qui agira en rétablissant la tolérance du système immunitaire, plutôt qu’en traitant seulement les symptômes comme ceux qui existent aujourd’hui.

Les traitements actuels contre les allergies alimentaires (...) ne modifient pas, de manière permanente, l’évolution de la maladie, souligne Rima Rachid, l’un des auteurs. Si les patients arrêtent ces traitements, ils redeviennent sensibles.

Les chercheurs ont déposé une demande de brevet sur leurs découvertes et souhaitent désormais réaliser plus d’études sur l’Homme pour voir si RELMb est aussi un biomarqueur des enfants à risque d’allergie alimentaire.