- Des chercheurs aux Etats-Unis ont réalisé un atlas cellulaire détaillé du vieillissement cérébral en analysant des millions de cellules chez des souris jeunes et âgées.
- Ils ont découvert que certaines cellules, notamment les cellules gliales et les neurones de l’hypothalamus, subissent des changements majeurs avec l’âge. L’activité immunitaire augmente et les cellules productrices de myéline voient leur efficacité réduite.
- Ces altérations affectent des fonctions essentielles comme le métabolisme et le sommeil. Bien que menées chez la souris, ces recherches offrent une base pour développer des thérapies contre le vieillissement cérébral humain.
Et si l'on pouvait identifier précisément l’endroit où le vieillissement commence dans le cerveau ? C’est le pari réussi par des chercheurs de l'Allen Institute, aux Etats-Unis, qui viennent de réaliser le premier atlas cellulaire détaillé du vieillissement du cerveau. En étudiant des millions de cellules individuelles, ils ont réussi à mettre en évidence les zones clés où apparaissent les premiers changements liés à l'âge.
Une cartographie précise des changements cérébraux
Le cerveau peut être comparé à une immense métropole, constituée de milliers de "quartiers", chacun peuplé de cellules aux fonctions spécifiques. Jusqu’à présent, il manquait un recensement précis des évolutions de ces quartiers au fil du temps. La nouvelle étude, publiée dans la revue Nature, comble ce vide en examinant des cellules prélevées chez des souris jeunes (2 mois) et âgées (18 mois) – des tranches d’âge équivalentes aux cerveaux humains de jeunes adultes et d’adultes matures.
En analysant 16 régions du cerveau (représentant environ 35 % de son volume total) les scientifiques ont identifié 847 types de cellules distincts. Ils ont découvert que certaines populations, notamment les cellules de soutien appelées cellules gliales, étaient particulièrement sensibles au vieillissement. Ces changements sont apparus principalement autour du troisième ventricule, dans l’hypothalamus, une zone qui contrôle des fonctions essentielles comme la faim, la température corporelle, le sommeil et la production hormonale.
A mesure que le cerveau vieillit, son activité immunitaire s’intensifie, en particulier chez les cellules microgliales, chargées du nettoyage et de la défense immunitaire cérébrale. Les macrophages associés aux frontières du cerveau présentent également une activité inflammatoire accrue. Ces changements suggèrent que ces cellules doivent, avec l’âge, travailler plus dur pour maintenir la santé cérébrale.
Une feuille de route pour des thérapies futures ?
Ce n’est pas tout : le vieillissement affecte également les cellules qui produisent la myéline, cette substance isolante essentielle pour la communication entre les neurones. Comme un fil électrique mal protégé, ces circuits neuronaux risquent de fonctionner moins efficacement.
Les chercheurs ont enfin identifié des groupes spécifiques de neurones dans l’hypothalamus, responsables de la régulation de l’appétit, du métabolisme et de la consommation d’énergie, qui subissent des modifications drastiques avec l’âge. Cela corrobore d’ailleurs les études liant des facteurs alimentaires comme le jeûne intermittent ou la restriction calorique à la longévité.
"Le vieillissement est le principal facteur de risque de maladies dévastatrices comme l’Alzheimer, expliquent les chercheurs dans un communiqué. Ces résultats offrent une carte détaillée des cellules cérébrales les plus vulnérables au vieillissement." Cette découverte pourrait ouvrir la voie, selon eux, à de nouvelles thérapies pour préserver la santé cérébrale tout au long de la vie.
