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Journée mondiale du cancer : objectif 80 % de guérisons d’ici 15 ans

Par Sophie Raffin

L’Institut Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe, s’est donné pour objectif d’atteindre les 80 % de malades guéris du cancer d’ici 2040. Voici comment il compte y parvenir.

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Chaque année, 450.000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués en France. Deux patients sur trois guérissent.
L'objectif est atteindre 80 % de patients guéris d'ici 2040.
Les diagnostics rapides, la radiothérapie interne vectorisée (RIV), les thérapies cellulaires ou encore les anticorps conjugués (ADCs) pourraient aider à y parvenir.

Chaque année, 450.000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués en France. Les campagnes de dépistage et les avancées scientifiques permettent que deux patients sur trois guérissent. Mais ce taux pourrait encore être amélioré.

"Arriver dans quinze ans à 80 % de patients guéris grâce à l’accélération des progrès technologiques, aux médicaments et traitements qui seront disponibles nous paraît réaliste", assure le professeur Fabrice Barlesi, directeur général de Gustave-Roussy, lors de la conférence de presse tenue en amont de la journée mondiale du cancer du 4 février.

Pour atteindre son objectif, l’institut a un plan de bataille précis : renforcer la prévention, accélérer le diagnostic ainsi que développer et perfectionner les traitements.

"Ce qu’il nous faut, c’est trouver le cholestérol du cancer"

Dans sa recherche d’amélioration de la prévention du cancer, l’Institut porte des études comme YODA dont l'objectif est d’identifier les causes des cancers digestifs chez les jeunes adultes ou encore le programme Interception qui propose un accompagnement personnalisé aux personnes à risque accru de cancer. "Ce qu’il nous faut, c’est trouver le cholestérol du cancer. Est-ce qu’on peut avoir un marqueur circulant ou tissulaire qui montrerait que vous êtes exposé à un risque d’un cancer, et ainsi moduler ce risque pour faire en sorte que vous n’ayez jamais cette pathologie ? C’est exactement ce qui est arrivé avec les maladies cardiovasculaires et le cholestérol. Si nous le trouvons, cela permettrait d’intercepter les cancers", explique le professeur Fabrice André, directeur de la recherche de Gustave Roussy.

L’autre objectif est de proposer un diagnostic un jour pour l'ensemble des tumeurs, à l’image de celui existant pour le cancer du sein. Ce programme baptisé InstaDiag cherche à “condenser en 24 heures ou sur quelques jours l’ensemble des examens nécessaires à la pose d’un diagnostic définitif”. Plusieurs parcours visant à accélérer le diagnostic ont déjà pu ouvrir pour les pathologies de la thyroïde, foie, pancréas, cancers gynécologiques et poumon.

La biopsie liquide nourrit aussi l'espoir d'accélérer le diagnostic et la prise en charge des tumeurs malignes. "Grâce à une prise de sang, nous sommes capables d’identifier l’ADN tumoral, ce qui évite de faire les analyses sur le tissu. C’est plus facile, cela va plus vite et cela donne une image plus précise de la maladie", explique le professeur André. "Aujourd’hui avec le programme FRESH, nous sommes capables de proposer cette biopsie liquide avec un test validé par l’Europe sur l’ensemble du territoire national. Il a un délai de réalisation assez court puisque le résultat est connu en 7 ou 10 jours." Une trentaine de centres réalisent ce type d’examen dans le pays. L'Institut qui travaille à le déployer, vise la centaine d’ici fin 2025.

Les traitements qui aideront à atteindre l’objectif des 80 % de guérisons

La recherche travaille aussi à l'amélioration des traitements."Dans le cadre des essais cliniques précoces, Gustave Roussy inclut plus de 5.600 malades. C'est aussi plus de 580 essais ouverts", précise le professeur Fabrice Barlesi.

L’une des innovations thérapeutiques - qui porte déjà ses fruits pour le cancer de la prostate - est la radiothérapie interne vectorisée (RIV). "L’idée est d’utiliser un anticorps capable de reconnaître l’anomalie présente. On lui greffe un élément radioactif pour qu'elle le délivre spécifiquement aux cellules cancéreuses. Cela permet de préserver les tissus sains et limite les effets nocifs”, explique le scientifique. "C’est un champ colossal et en plein développement. Cela pourrait devenir un pan aussi important dans notre arsenal thérapeutique que la chimiothérapie, l'immunothérapie et les thérapies ciblées dans la prise en charge."

Autre point de recherche pouvant améliorer les chances de guérison des patients : les thérapies cellulaires. Cela consiste à injecter dans l’organisme du patient des cellules provenant du système immunitaire modifiées en laboratoire pour renforcer leur activité cytotoxique dirigée contre les cellules cancéreuses. "L’ensemble du 4e étage de Gustave Roussy va être dédié à la recherche sur les thérapies cellulaires."

Les anticorps conjugués (ADCs) - des médicaments composés d’un anticorps ciblant un élément à la surface des cellules cancéreuses et couplé à une chimiothérapie - sont aussi source d'espoir. "Ils sont déjà souvent utilisés dans la lutte contre le cancer. Cependant, ils restent encore assez mystérieux. Nous devons comprendre chez qui cela marche, qui est la meilleure cible. Cela permettra de sélectionner au mieux les personnes pour qui ce type de traitement est efficace", précise Fabrice Barlesi.

De nombreuses recherches sont également en cours pour atteindre l’objectif des 80 % de patients guéris d’ici 15 ans comme l’IA, la chirurgie robot-assistée, la télésurveillance, le développement de technologies de pointe…

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