- Au cours du 20ème siècle, les gains de taille et de poids des hommes sont plus de deux fois supérieurs à ceux des femmes, ce qui accroît le dimorphisme sexuel de la taille.
- Cela s’est produit avec l'amélioration transnationale et transgénérationnelle des conditions de vie, plus précisément lorsque les facteurs de stress environnementaux diminuent.
- D’après l’hypothèse des chercheurs, les préférences des femmes pourraient également avoir alimenté une tendance vers des hommes plus grands et plus musclés.
"Dimorphisme sexuel." C’est le nom donné à un phénomène décrit par des chercheurs des universités de Gênes (Italie), du Missouri-Columbia (États-Unis) et du Roehampton (Angleterre) dans une récente étude. Il s’agit de l’ensemble des différences entre le mâle et la femelle d'une même espèce, en dehors de celles des organes sexuels eux-mêmes. Observé chez de nombreuses espèces, le dimorphisme sexuel "peut résulter du fait que les sexes occupent des niches alimentaires différentes, que les femelles plus grandes sont plus fécondes ou que les mâles plus grands ont des avantages liés au choix de la femelle ou à la compétition entre mâles Ce dernier cas est fréquent chez les mammifères terrestres, y compris les humains", a expliqué l’équipe.
Plus les conditions de vie s'améliorent, plus la taille et le poids augmentent
En effet, les hommes sont en moyenne plus grands et plus lourds que les femmes dans tous les pays, ce qui reflète probablement l'histoire évolutive de la compétition physique entre hommes pour le statut et le contrôle des ressources. D’après les scientifiques, ces dimorphismes sexuels de taille s'accompagnent de vulnérabilités dues à des coûts d'entretien et de développement plus élevés pour le sexe présentant la taille la plus grande. "Ces coûts sont conformes à la théorie évolutionniste qui postule que les traits de grande taille, élaborés et sexuellement sélectionnés sont des signaux de santé et de vitalité, parce que l'exposition à un facteur de stress (par exemple, une maladie précoce) les compromettra (par exemple, une stature plus courte) plus que d'autres traits."
Dans le cadre des travaux, publiés dans la revue Biology Letters, les auteurs ont voulu tester cette hypothèse à grande échelle chez l'Homme. Ces derniers ont utilisé des données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), des autorités étrangères et des archives britanniques pour voir comment la taille et le poids ont changé avec les conditions de vie. L'indice de développement humain (IDH), un score basé sur l'espérance de vie, le temps passé dans l'éducation et le revenu par habitant, qui va de zéro à un, a été utilisé. Selon les résultats, pour chaque augmentation de 0,2 point de l'IDH, les femmes mesuraient en moyenne 1,7 cm de plus et pesaient 2,7 kg de plus, tandis que les hommes mesuraient 4 cm de plus et pesaient 6,5 kg de plus. Cela suggère qu'à mesure que les conditions de vie s'améliorent, la taille et le poids augmentent, mais plus de deux fois plus vite chez les hommes que chez les femmes.
La taille moyenne des hommes a grimpé de 4 % contre 1,9 % pour les femmes
Afin de voir si des tendances similaires survenaient au sein des pays, les chercheurs ont examiné les records de taille historiques au Royaume-Uni, où l'IDH est passé de 0,8 en 1900 à 0,94 en 2022. Au cours de la première moitié du siècle, la taille moyenne des femmes a augmenté de 1,9 %, passant de 159 cm à 162 cm, tandis que la taille moyenne des hommes a augmenté de 4 %, passant de 170 cm à 177 cm. "Pour mettre les choses en perspective, environ une femme sur quatre née en 1905 était plus grande qu’un homme moyen né en 1905, mais ce chiffre tombait à environ une femme sur huit pour celles nées en 1958", a déclaré, au Guardian, Lewis Halsey, qui a participé aux recherches.
L’équipe suggère que les préférences des femmes pourraient avoir alimenté une tendance vers des hommes plus grands et plus musclés. "La stature et le physique sont des indicateurs de santé et de vitalité de premier ordre, tandis que la sélection sexuelle favorise également les hommes qui sont plus à même de protéger et de défendre leurs partenaires et leurs enfants contre les autres."