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Fonctions cérébrales

Anorexie : et si la clé se trouvait dans le cerveau ?

Par Sophie Raffin

Les patients souffrant d’anorexie mentale présentent une activité plus élevée des récepteurs opiacés dans le cerveau, selon une nouvelle étude.

Natalia Kopyltsova/istock
Des changements dans le fonctionnement des récepteurs opiacés dans le cerveau pourraient être à l’origine de l’anorexie, selon une nouvelle étude.
Les chercheurs ont remarqué que les personnes anorexiques affichaient des niveaux d'activité de ces récepteurs plus importants que les autres.
Les changements dans l’activité des récepteurs d'opioïdes dans le cerveau sont également liés à l’anxiété et à la dépression.

Génétiques, psychologiques, environnementaux, socioculturels… de nombreux facteurs sont avancés pour expliquer l’anorexie mentale. Pour l’université de Turku (Finlande), le cerveau et son fonctionnement pourraient aussi expliquer ce trouble des conduites alimentaires. Ses équipes ont, en effet, découvert que les personnes souffrant d’anorexie avaient une activité élevée des récepteurs opiacés (Mu-opioid receptor) dans le cerveau. Leurs travaux ont été présentés dans la revue Molecular Psychiatry.

Anorexie : une activité plus forte des récepteurs opiacés

Pour mieux comprendre ce qu’il se passe dans le cerveau des personnes souffrant d’anorexie mentale, les scientifiques ont réuni 13 patients atteints du trouble alimentaire et 13 témoins en bonne santé. Leur activité cérébrale a été examinée grâce à la tomographie par émission de positons, aussi appelée PETscan.

En comparant les résultats, les chercheurs ont remarqué des changements dans le fonctionnement des récepteurs opiacés dans le cerveau. Ils ont une activité plus forte dans les régions impliquées dans le traitement de la récompense.

"La neurotransmission opioïde régule l’appétit et le plaisir dans le cerveau. Chez les patientes souffrant d’anorexie mentale, le taux d'opioïdes dans le cerveau était plus élevé que chez les sujets sains. Nous avons déjà montré que chez les patients obèses, l’activité de ce système était diminuée. Il est probable que les actions de ces molécules régulent à la fois la perte et l’augmentation de l’appétit", remarque le professeur Pirjo Nuutila de l’Université de Turku dans un communiqué.

Des changements qui pourraient aussi expliquer les symptômes psychiques

Lors de ces essais, les scientifiques se sont également penchés sur l'absorption du glucose par le cerveau. Ils ont fait une découverte également intéressante. Malgré un apport énergétique plus faible, le cerveau “anorexique” utilisait une quantité similaire de glucose à une personne ayant une alimentation standard.

Ce qui conduit le Pr Lauri Nummenmaa à remarquer que même si "l'insuffisance pondérale pèse sur la physiologie à bien des égards, le cerveau essaie de se protéger et de maintenir sa capacité à fonctionner le plus longtemps possible".

Les changements dans les fonctions cérébrales associés à l’anorexie et un faible poids corporel lors de cette étude ont aussi été liés à l’anxiété et à la dépression dans de précédentes recherches. "Étant donné que les changements dans l’activité des récepteurs d'opioïdes dans le cerveau sont également liés à l’anxiété et à la dépression, nos résultats peuvent expliquer les symptômes émotionnels et les changements d’humeur associés à l’anorexie mentale”, précise l’expert.

Par ailleurs, les auteurs de l’article remarquent que leurs résultats améliorent la compréhension de l'anorexie mentale et pourraient "soutenir le développement de nouveaux traitements".