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Cognition

Cannabis : les problèmes de mémoire persistent longtemps après l’arrêt

Par Stanislas Deve

Une vaste étude menée sur 1.000 jeunes adultes montre que la consommation intensive de cannabis peut avoir des effets durables sur les fonctions cognitives, en particulier la mémoire, l’attention ou encore la prise de décision.

Tunatura / istock
En analysant les scans cérébraux de quelque 1.000 jeunes adultes, les chercheurs ont observé une activité réduite dans les zones du cerveau liées à l'attention et à la mémoire de travail chez les grands consommateurs.
Ces fonctions sont essentielles pour retenir des informations à court terme et prendre des décisions. L'étude note également des différences de genre, les hommes étant plus touchés.
En revanche, la forte consommation de cannabis ne semble pas affecter de manière significative d’autres fonctions cognitives, comme la reconnaissance des émotions, l'utilisation du langage ou la planification logique.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les effets du cannabis sur le cerveau ne disparaissent pas immédiatement après l’arrêt de sa consommation. Une nouvelle étude, publiée dans JAMA Network Open, révèle que l’usage intensif de marijuana peut avoir des conséquences durables sur les fonctions mémorielles et cognitives. C’est l’une des plus vastes recherches jamais menées sur le sujet.

Des effets ciblés sur la mémoire, l’attention, la prise de décision...

Dans un contexte de légalisation croissante et de hausse de la puissance des produits à base de cannabis dans leurs pays, des chercheurs américains et canadiens ont collaboré pour analyser les effets du cannabis sur la santé cognitive. Ils ont examiné les scans cérébraux de quelque 1.000 adultes âgés de 22 à 36 ans, divisés en trois groupes : grands consommateurs (plus de 1.000 fois au cours de leur vie), consommateurs modérés (10 à 999 fois) et non-consommateurs (moins de 10 fois).

Résultat, chez les usagers intensifs (9 % des participants), les scientifiques ont détecté une activité cérébrale réduite lors de tâches liées à la mémoire, par rapport à ceux qui ne consommaient pas ou peu de cannabis. Les zones les plus touchées étaient celles responsables de l’attention, de la prise de décision et du stockage temporaire d’informations – des fonctions essentielles pour la vie quotidienne. "Une consommation intensive peut avoir des impacts durables sur le traitement cognitif, même après que quelqu'un a cessé de consommer la substance", résume un communiqué.

Le cannabis affecte la mémoire de travail

La "mémoire de travail, souvent comparée à un 'post-it mental'" – autrement dit la mémoire à court terme – est particulièrement affectée par l’usage du cannabis. "Nous utilisons ce type de mémoire tous les jours, constamment, que ce soit pour suivre une conversation, résoudre des problèmes ou se souvenir d’instructions", comme un numéro de téléphone. Les effets de la drogue pourraient donc expliquer certaines difficultés rencontrées par les grands consommateurs dans leur vie quotidienne.

Au-delà des tâches de mémoire, les scientifiques ont également examiné comment le cerveau des volontaires réagissait devant d'autres exercices mentaux, comme la reconnaissance des émotions, l'utilisation du langage, la planification logique ou la compréhension des perspectives d’autrui. Mais, fait intéressant, la forte consommation de cannabis ne semblait pas affecter "de manière significative" ces autres fonctions cérébrales.