Le temps d’atteindre les rêves pourrait-il être un signal de déclin cognitif ? Une équipe de chercheurs a mis en lumière un lien potentiel entre la rapidité d'entrée en sommeil paradoxal (aussi appelé REM, pour Rapid Eye Mouvement) et le risque de développer la maladie d'Alzheimer. Leur étude, publiée dans la revue Alzheimer’s & Dementia, révèle en effet que les personnes prenant plus de temps à atteindre cette phase du sommeil présentent des niveaux accrus de protéines associées à la maladie.
Les implications d'un cycle du sommeil perturbé
Le sommeil suit un cycle précis, passant par plusieurs phases avant d'atteindre le sommeil paradoxal, où surviennent les rêves. Ce cycle, qui se répète plusieurs fois par nuit, est essentiel pour la consolidation de la mémoire. "Le retard du sommeil paradoxal interfère avec le processus d'apprentissage et de mémorisation", indiquent les scientifiques de l'Université de Californie à San Francisco, dans un communiqué.
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont recruté 128 adultes aux capacités cognitives variées. Ils ont combiné l'imagerie cérébrale, les études du sommeil et les analyses sanguines pour établir une association entre les schémas de sommeil et les marqueurs biologiques de la maladie d'Alzheimer. Les résultats montrent que les participants mettant plus de 193 minutes à entrer en sommeil paradoxal avaient 16 % de plus de protéines amyloïdes et 29 % de plus de protéines tau, des indicateurs clés de la maladie. En outre, leur taux de facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), essentiel à la santé neuronale, était inférieur de 39 %.
Vers de nouvelles pistes thérapeutiques
L'étude suggère que les anomalies du sommeil paradoxal pourraient apparaître avant les premiers troubles cognitifs, ce qui pourrait ainsi offrir une nouvelle opportunité de dépistage précoce. Des médicaments favorisant le sommeil paradoxal, comme la mélatonine, pourraient également avoir un effet protecteur contre l'accumulation des protéines neurotoxiques en cause.
Enfin, les auteurs insistent sur l'importance de la gestion des troubles du sommeil. "Traiter l'apnée du sommeil et réduire la consommation d'alcool font partie des mesures simples pour préserver un cycle de sommeil sain", et ainsi prévenir les pathologies neurodégénératives comme l’Alzheimer, concluent-ils.