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Dermatologie

Vitiligo : la thérapie microbienne pourrait restaurer la pigmentation de la peau

Par Geneviève Andrianaly

Chez des souris, l'administration d'un composé naturel dérivé de bactéries intestinales ralentit considérablement la progression du vitiligo, notamment la dépigmentation.

Xavier Lorenzo/iStock
Après avoir administré un exopolysaccharide dérivé de la bactérie Bacillus subtilis, chaque semaine, à des souris sujettes au vitiligo, la dépigmentation sur leur dos a été réduite de 74 %.
Le produit microbien a diminué les lymphocytes T tueurs qui attaquent le pigment de la peau et a augmenté les lymphocytes T régulateurs protecteurs, qui sont généralement rares chez les patients.
Dorénavant, les chercheurs veulent adapter le produit à l'usage humain. Ils se penchent sur des injections hebdomadaires, un additif alimentaire ou encore une pommade.

Touchant environ 0,5 % à 1 % de la population générale, le vitiligo se caractérise par l’apparition de taches blanches sur la peau. Selon l’Inserm, cette dépigmentation progressive s’explique par la disparition des mélanocytes, les cellules de l’épiderme qui synthétisent les principaux pigments qui colorent la peau, à savoir les mélanines. Cette maladie est dite "auto-immune", ce qui signifie qu'elle est liée à une réponse exagérée du système immunitaire (système de défense de l'organisme) contre les mélanocytes. "Comme toute maladie auto-immune, celle-ci évolue souvent de façon chronique et par poussée", précise le CHU de Bordeaux.

Vitiligo : un exopolysaccharide dérivé de Bacillus subtilis réduit la dépigmentation de 74 %

Bien que cette affection soit bénigne, le vitiligo a des conséquences psychologiques importantes, qui peuvent fortement altérer la qualité de vie des personnes qui en souffrent. Dans une nouvelle étude, des scientifiques de l’université Northwestern (États-Unis) ont révélé avoir trouvé un moyen d’arrêter la dépigmentation de la peau chez les patients. Pour cela, ils ont testé des exopolysaccharides (EPS) isolés de la bactérie Bacillus subtilis comme thérapie basée sur le microbiote intestinal. L’équipe a administré un de ces produits microbiens chaque semaine à des souris sujettes au vitiligo sur une période de 18 semaines. "La dépigmentation a été évaluée au fil du temps, en mesurant les réponses immunitaires au point final."

La perte de pigmentation sur le dos des souris a été réduite de 74 %. "L'abondance des lymphocytes T cutanés, en particulier des lymphocytes T cytotoxiques CD8+, qui attaquent les pigments a été réduite, tandis que les lymphocytes T régulateurs, généralement rares chez les malades, étaient plus abondants dans la peau des souris traitées que chez celles non traitées", peut-on lire dans les résultats publiés dans la revue Journal of Investigative Dermatology. Selon les auteurs, cet exopolysaccharide dérivé de Bacillus subtilis pourrait fonctionner comme une thérapie autonome ou en synergie avec les traitements existants.

Injection, additif, pommade : vers un traitement à base de produit microbien pour les patients souffrant du vitiligo

"Nos données sur l'efficacité de la thérapie microbienne pourraient donner de l'espoir aux patients qui se sentent souvent impuissants lorsqu’ils voient leur maladie progresser, sans savoir à quoi ils ressembleront le mois prochain. Pour beaucoup, stabiliser la maladie changerait leur vie", a déclaré Caroline Le Poole, qui a participé aux recherches. Désormais, les chercheurs veulent adapter le produit microbien à l'usage humain. "Des injections hebdomadaires pourraient fonctionner, mais nous devons explorer des options plus simples, comme un additif alimentaire ou une pommade. Nous devons également comprendre combien de temps durent les effets et le meilleur moment pour le traitement."