- Le protoxyde d’azote N²O est un gaz comburant, dont l’usage a été détourné pour son effet euphorisant et qui peut avoir des répercussions neurologiques et neuromusculaires.
- Les députés ont voté l’interdiction de la vente de gaz hilarant aux particuliers, qui devrait être mise en place à partir du 1er janvier 2026.
- Un décret va déterminer les catégories professionnelles autorisées à en acheter par dérogation, et les circuits de distribution.
Dans le domaine médical, pour les anesthésies, ou culinaire, pour les siphons à chantilly, le protoxyde d’azote N²O, aussi appelé "gaz hilarant" ou "proto", est un gaz comburant incolore, d’odeur et de saveur légèrement sucrées. Ces dernières années, son usage a été fortement détourné en France. En effet, plusieurs personnes, notamment des adolescents et des jeunes adultes, en ont inhalé dans un contexte festif ou non, car ce produit vendu sous forme de cartouches a un effet euphorisant. Concrètement, ce gaz dit "hilarant" provoque des distorsions sensorielles, un fou rire incontrôlable et un état de "flottement", selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). "Les jeunes sont particulièrement attirés par cette substance pour plusieurs raisons. Elle est très facilement accessible, bon marché, indétectable après consommation et surtout, elle est perçue comme légale et peu dangereuse", a expliqué Idir Boumertit, rapporteur du texte cosigné par des députés de plusieurs autres groupes, notamment socialiste ou écologiste.
Protoxyde d'azote : sa consommation peut être responsable d’atteintes neurologiques graves
La consommation du protoxyde d’azote a des conséquences sévères sur la santé. Celles-ci sont immédiates et surviennent en cas d’utilisation régulière ou à forte dose, car ce produit engendre un déficit en vitamine B12. Dans le détail, il peut causer une asphyxie par manque d’oxygène, une perte de connaissance, une brûlure par le froid du gaz expulsé, une désorientation, des vertiges, des chutes, des accidents en cas de conduite. "En cas de consommations répétées, à intervalles rapprochés et/ou à fortes doses, les personnes, s’exposent en plus à des complications sévères, parfois irréversibles : dépendance, atteintes neurologiques et neuromusculaires se manifestant par des douleurs, des pertes de sensibilité, de force au niveau des membres, des troubles de la marche, une incontinence, troubles psychiatriques, atteintes cardiaques et troubles de la fertilité", signale la MILDECA. Si le gaz est associé à d’autres substances psychoactives, en particulier l’alcool, les poppers, le cannabis ou des psychostimulants, ces risques sont majorés.
Étendre l’interdiction de la vente de gaz hilarant aux particuliers à partir du 1er janvier 2026
Face à ces dangers, une loi interdisant de vendre ou d'offrir du protoxyde d’azote aux mineurs, sur Internet, dans les lieux publics ou les commerces, a été promulguée le 1er juin 2021. Ce 29 janvier 2025, une proposition de loi visant à interdire la vente aux particuliers de gaz hilarant, toujours disponible dans les supermarchés et sur Internet, a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale avec 90 voix pour, deux contre et six abstentions. Plus précisément, l’article premier de cette proposition de loi suggère de mettre en place cette mesure à partir du 1er janvier 2026. Un décret va déterminer les catégories professionnelles autorisées à en acheter par dérogation, et les circuits de distribution. Un autre article du texte se concentrera sur la prévention, en intégrant le protoxyde d'azote aux séances d'informations annuelles sur le cannabis prévues dans les collèges et les lycées.