- Une nouvelle étude menée sur 120 adultes suggère que le microbiote buccal et la santé bucco-dentaire pourraient influencer la cognition en vieillissant.
- Les chercheurs ont constaté que certaines bactéries étaient associées à une meilleure mémoire, tandis que d’autres étaient liées à un déclin cognitif. Le gène APOE4, facteur de risque d’Alzheimer, pourrait aussi influencer cette composition bactérienne.
- Bien que la causalité ne soit pas prouvée, ces résultats soulignent l’importance de l’hygiène dentaire pour la santé cérébrale.
Le brossage de dents et l'utilisation du fil dentaire ne servent pas seulement à prévenir les caries, la maladie des gencives ou encore la mauvaise haleine. Une nouvelle étude, publiée dans PNAS Nexus, suggère que l’équilibre des bactéries dans notre bouche, autrement appelées microbiote buccal, pourrait aussi jouer un rôle dans notre santé cognitive en vieillissant.
Un lien entre bactéries buccales et performances cognitives
Des chercheurs de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) ont analysé la flore buccale de 120 adultes âgés, dont la moitié souffrait d’un trouble cognitif léger (MCI), une condition qui affecte la mémoire et peut précéder la démence. Leurs travaux ont révélé des associations inattendues entre certaines bactéries et les performances cognitives. Les bactéries Neisseria et Haemophilus étaient notamment associées à de meilleurs résultats aux tests de mémoire et de réflexion. À l’inverse, d’autres comme Prevotella étaient liées à de moins bonnes performances.
L’étude a également mis en évidence un lien potentiel entre un gène de risque de la maladie d’Alzheimer, APOE4, et certaines bactéries buccales. Les porteurs de ce gène avaient des niveaux plus élevés de Prevotella intermedia, ce qui suggère que la génétique pourrait influencer la composition bactérienne buccale. Aucun lien de causalité direct n’a toutefois été démontré, précise un communiqué.
Vers une prévention du déclin cognitif ?
Certaines bactéries buccales jouent un rôle dans la transformation des nitrates, présents dans des aliments comme la betterave et les légumes verts, en molécules essentielles à la circulation sanguine et à la fonction cérébrale. Les participants ayant davantage de Neisseria et Haemophilus présentaient en effet une flore bactérienne favorisant ces processus biochimiques, bien que l’impact direct sur la cognition reste à confirmer.
Les chercheurs ont par ailleurs constaté que les participants atteints de troubles cognitifs légers avaient des niveaux plus élevés de Porphyromonas gingivalis, une bactérie responsable des maladies des gencives. Ce résultat s’ajoute aux preuves grandissantes d’un lien entre la santé bucco-dentaire et le fonctionnement du cerveau.
Pour les porteurs du gène APOE4, qui présentent des différences dans leur flore buccale, une attention particulière à l’hygiène dentaire pourrait notamment être bénéfique. Les scientifiques précisent que des recherches supplémentaires sont toutefois nécessaires pour établir si une meilleure santé bucco-dentaire peut vraiment ralentir le déclin cognitif en vieillissant.