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Virologie

La ventilation dans les hôpitaux pourrait-elle favoriser la propagation des virus ?

Par Mégane Fleury

Les systèmes de ventilation et les purificateurs d’air sont utilisés dans les hôpitaux pour limiter la propagation des virus. Mais selon leur positionnement, ils peuvent aggraver la circulation des particules. 

hxdbzxy/ISTOCK
Dans les hôpitaux, la ventilation est utilisée pour limiter la propagation des virus.
Mais, elle peut accélérer leur circulation, selon les flux d'air dans l'établissement.
Le positionnement des ventilations doit être réfléchi pour limiter les risques.

Cela fait partie des recommandations en cas d’épidémie virale : aérer les pièces pour empêcher la circulation des virus. Dans les hôpitaux, des systèmes de ventilation sont utilisés pour améliorer la qualité de l’air et réduire la propagation des particules virales. Mais selon une étude de l’University College de Londres, parue dans Aerosol Science & Technology, l'utilisation accrue de la ventilation et des purificateurs d'air dans les hôpitaux, pourrait avoir les effets contraires : selon le positionnement de ces appareils, cela pourrait entraîner une plus grande circulation des virus. 

La ventilation peut accroître la circulation des particules virales dans un hôpital 

Dans ces travaux, les chercheurs ont étudié l'effet de l'utilisation d'une ventilation mécanique intégrée et de purificateurs d'air portables (PAC) sur la propagation des particules en suspension dans l'air, similaires à celles expirées par une personne atteinte d'une infection respiratoire virale comme le SARS-CoV-2 ou la grippe. À l’aide d’un générateur d’aérosols et d’un compteur de particules, les scientifiques ont étudié différentes situations en prenant aussi en compte la fermeture des portes. "Si l'utilisation de la ventilation intégrée et des PAC peut réduire la propagation des particules dans certains scénarios, dans certaines expériences, l'utilisation de PAC a augmenté la propagation des aérosols jusqu'à 29 % entre les pièces voisines", concluent-ils. D’après leur analyse, la ventilation intégrée multipliait par plus de 5 la migration des aérosols, en comparaison à l’absence de ventilation. L’équipe a observé qu’il existe des interactions complexes entre les différents courants d'air, la ventilation, la fermeture des portes et le mouvement des personnes.  

Comprendre comment l'air circule pour limiter la diffusion des virus 

"L’installation de purificateurs d’air dans les chambres a entraîné dans certains cas une augmentation inattendue de la circulation des aérosols, mais il a fallu des mois pour comprendre ce que nous observions, note Laurence Lovat, autrice principale de l'étude. Chaque scénario a produit des résultats différents et inattendus, en fonction des espaces et des sources de flux d’air concernésMême à l’hôpital de l’UCL, un établissement moderne construit il y a moins de 20 ans, les schémas de flux d’air n’étaient pas prévisibles. Dans les hôpitaux plus anciens, qui ont souvent des courants d'air naturels, la situation serait probablement encore plus complexe." Pour cette spécialiste et ses co-auteurs, l'utilisation de dispositifs de circulation d'air dans les hôpitaux nécessite de prendre en compte la dynamique du flux d'air et de réfléchir au placement des dispositifs pour réduire le risque d'aggravation de la circulation des virus.

De futures simulations des flux d'air dans un hôpital pour réduire la circulation des virus  

"La bonne nouvelle est que nous élargissons rapidement nos connaissances sur ce phénomène, indique Andrea Ducci, co-auteur de cette recherche. Le projet sur lequel nous travaillons actuellement vise à simuler l'ensemble du flux d'air au sein d’un hôpital et à évaluer l'efficacité de différents appareils positionnés à différents endroits. Cela nous permettra d'identifier des interventions relativement simples, comme un meilleur positionnement des appareils de ventilation pour réduire la propagation des particules, diminuant ainsi le risque de contracter une infection à l’hôpital." Les scientifiques travaillent en ce moment sur un système d’intelligence artificielle pour les aider à conduire ces tests. Ils espèrent pouvoir lancer leurs travaux dans moins de deux ans.