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Maternité

Dépression du post-partum : bientôt un test sanguin pour prédire le risque ?

Par Mégane Fleury

Des taux élevés de molécules liées à la progestérone dans le sang en fin de grossesse pourraient être un indicateur du risque de dépression post-partum dans les semaines suivants l’accouchement. 

Perawit Boonchu/istock
Les niveaux de certaines hormones, liées à la progestérone, pourraient indiquer le risque de dépression du post-partum future.
Des tests sanguins au troisième trimestre de grossesse pourraient permettre d'évaluer le risque.
À terme, des traitements préventifs pourraient être mis en place.

La dépression du post-partum touche entre une et deux femmes sur 10. Ce trouble apparaît après l’accouchement et se manifeste sous différentes formes : tristesse, fatigue, troubles du sommeil, croyances négatives. Dans la revue spécialisée Neuropsychopharmacology, des scientifiques expliquent avoir découvert un marqueur sanguin : il permet d’identifier les femmes à risque de dépression du post-partum. 

Dépression du post-partum : des analyses sanguines pour évaluer le risque 

Cette équipe de chercheurs américains, de Weill Cornell Medicine et de l'Université de Virginie, ont constaté que les femmes qui développent une dépression du post-partum peuvent avoir des niveaux plus élevés de stéroïdes neuroactifs, des molécules dérivées de la progestérone, dans leur sang pendant leur troisième trimestre de grossesse. "Ces molécules influencent la réponse au stress et la régulation émotionnelle du cerveau", précisent-ils. Avec leurs travaux, ils ont décidé d’explorer cette corrélation. Ils ont recruté 136 femmes, qui n’avaient pas eu de dépression pendant la grossesse, et ont mesuré les niveaux de stéroïdes neuroactifs dans leur sang à différents moments. Un suivi a été réalisé jusqu'à neuf mois après la naissance. Sur l’ensemble des participantes, 33 ont développé une dépression du post-partum. 

Les scientifiques américains se sont concentrés sur l’analyse de la progestérone et de ses dérivés, dont deux stéroïdes neuroactifs : la prégnanolone et l’isoallopregnanolone. "La prégnanolone agit sur le récepteur GABA-A pour procurer des effets calmants et réduire le stress, déclarent-ils. À l'inverse, l'isoallopregnanolone interagit avec le récepteur GABA-A pour augmenter le stress." Ils ont constaté qu'au cours du troisième trimestre, les personnes qui ont développé une dépression du post-partum par la suite avaient un rapport prégnanolone/progestérone plus faible et un rapport isoallopregnanolone/prégnanolone plus élevé par rapport à celles qui n'en avaient pas développé. "Des taux élevés de progestérone en fin de grossesse étaient également associés à un risque plus élevé de dépression du post-partum", complètent-ils.

Dépression du post-partum : vers un traitement préventif ? 

Pour les chercheurs, si ces résultats se confirment dans d’autres travaux, cela pourrait permettre de développer un test clinique capable de prédire le risque d'une dépression du post-partum future. Actuellement, deux traitements, la brexanolone et la zuranolone, peuvent être prescrits pour soigner la maladie. "Nous ne savons pas si ces médicaments fonctionneraient comme mesure préventive pour les personnes qui risquent de développer une dépression post-partum, mais d'après nos résultats, ils ont le potentiel de prévenir le développement de la dépression post-partum", conclut le Dr Lauren Osborne, autrice principale de cette recherche.