Piqûres de moustiques, laine de verre, humidité, mycose, changements hormonaux… Plusieurs facteurs peuvent causer des démangeaisons et donner l’envie de se gratter. Lorsque l’on est petit, nos parents ne cessent de nous répéter qu’il ne faut pas se frotter sa peau avec ses ongles, car cela aggrave la situation. Cependant, d’après une nouvelle étude, parue dans la revue Science, se gratter là où ça démange n’est pas une si mauvaise idée que ça. Afin de parvenir à cette conclusion, des scientifiques de l'université Washington à Saint-Louis (États-Unis) ont voulu, dans un premier temps, comprendre pourquoi nous nous grattons.
Se gratter déclenche plus d’inflammation, car "les mastocytes ont été activés"
Pour mener à bien les travaux, les chercheurs ont mis un allergène synthétique sur les oreilles de souris. Cela a induit une forme d'inflammation cutanée appelée "dermatite allergique de contact", qui est causée par le contact avec un allergène comme l'huile contenue dans le sumac vénéneux. Lorsque les rongeurs se sont grattés, leurs oreilles ont gonflé et se sont remplies de neutrophiles, un type de cellule immunitaire. En revanche, les oreilles des animaux ne pouvant pas le faire en raison de minuscules colliers élisabéthains, semblables à ceux que les chiens portent après une visite chez le vétérinaire, étaient moins gonflées et contenaient moins de neutrophiles. Chez des souris issues de la bio-ingénierie dépourvues d'un neurone détecteur de démangeaisons ont eu une réaction tout aussi discrète. Ainsi, le fait de se gratter aggrave l'inflammation.
Afin d’aller plus loin, l’équipe a examiné des rongeurs normaux autorisés à se gratter les oreilles. Elle a remarqué qu'aux endroits grattés, les neurones sensibles à la douleur libéraient un puissant messager du système nerveux, la substance P. À son tour, la substance P active des globules blancs clés, appelés mastocytes, qui jouent un rôle central dans le déclenchement des symptômes d'allergie. Les mastocytes ont recruté des neutrophiles sur la zone grattée, ce qui a provoqué une inflammation. "Dans la dermatite de contact, les mastocytes sont directement activés par les allergènes, ce qui provoque une inflammation et des démangeaisons mineures. En réponse au grattage, la libération de substance P active les mastocytes par une deuxième voie, donc la raison pour laquelle le grattage déclenche plus d’inflammation dans la peau est que les mastocytes ont été activés de manière synergique par deux voies", a expliqué Daniel Kaplan, auteur des recherches.
La grattage réduit la quantité de Staphylococcus aureus sur la peau
Bien que les mastocytes soient à l’origine de diverses maladies inflammatoires de la peau et de réactions allergiques, ils peuvent aussi nous protéger contre les bactéries et d’autres agents pathogènes. Et pour cause, les scientifiques ont révélé que le grattage réduisait la quantité de Staphylococcus aureus, la bactérie la plus courante impliquée dans les infections cutanées, sur la peau. "Se gratter pourrait être bénéfique dans certains contextes. Mais les dommages causés par le grattage l’emportent probablement sur cet avantage lorsque les démangeaisons sont chroniques."
Désormais, l’équipe étudie de nouvelles thérapies contre la dermatite et d’autres maladies inflammatoires de la peau, telles que la rosacée et l’urticaire qui suppriment l’inflammation en ciblant les récepteurs des mastocytes.