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La pilule contraceptive : un nouvel espoir dans la prévention du cancer de l’ovaire ?

Par Stanislas Deve

L’utilisation de la pilule contraceptive pourrait réduire le risque de cancer de l’utérus, même chez les femmes qui ne l’ont prise qu’une fois, selon une équipe de chercheurs.

Shidlovski / istock
Une étude australienne révèle que la pilule contraceptive réduit le risque de cancer de l’ovaire de 26 %, et jusqu’à 43 % chez les femmes l’ayant prise après 45 ans.
L’analyse de quelque 220.000 femmes a également montré que la maternité et certains biomarqueurs influencent le risque. Grâce à l’intelligence artificielle, les chercheurs espèrent développer des tests précoces pour détecter les femmes à risque.
Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles stratégies de prévention, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour confirmer ces découvertes.

A l’aube de la Journée mondiale contre le cancer, ce 4 février, une nouvelle étude de l’Université d’Australie du Sud (UniSA) met en évidence un effet protecteur inattendu de la pilule – sans préciser laquelle – contre le cancer de l’ovaire. D’après l’équipe de chercheurs, "l’utilisation de la pilule contraceptive orale réduirait le risque de ce cancer de 26 % chez les femmes qui l’ont prise au moins une fois, et jusqu’à 43 % pour celles qui l’ont utilisée après 45 ans".

Identifier les facteurs de risque du cancer de l’ovaire

Pour arriver à ces conclusions, publiées dans l’International Journal of Gynecological Cancer, les scientifiques ont exploité les données de quelque 220.000 femmes âgées de 37 à 73 ans issues de la UK Biobank. Ils ont utilisé une intelligence artificielle intégrant près de 3.000 caractéristiques de santé, de mode de vie et de métabolisme pour identifier les facteurs de risque du cancer de l’ovaire.

Les résultats ont notamment mis en évidence plusieurs biomarqueurs associés à ce risque, incluant certaines caractéristiques des globules rouges et des enzymes hépatiques, ainsi qu’un poids corporel plus faible et une stature plus courte. A noter que les mesures sanguines ont été réalisées en moyenne 12,6 ans avant le diagnostic, ce qui suggère que ces biomarqueurs pourraient permettre, grâce à des tests précoces, d’identifier les femmes les plus à risque bien avant l’apparition des symptômes.

"Le cancer de l’ovaire est souvent diagnostiqué à un stade avancé, ce qui entraîne un taux de survie inférieur à 30 % sur cinq ans, expliquent les chercheurs de l’UniSA dans un communiqué. À l’inverse, une détection précoce permet d’atteindre un taux de survie de plus de 90 %. Il est donc crucial d’identifier des facteurs de risque et des stratégies de prévention."

La grossesse et la réduction des ovulations en question

Les résultats de l’étude révèlent également un lien entre la maternité et la réduction du risque de cancer de l’ovaire : les femmes ayant eu au moins deux enfants présentent un risque réduit de 39 % par rapport à celles qui n’ont pas eu d’enfants. Cela suggère que la diminution du nombre d’ovulations pourrait être une piste de prévention à explorer.

"Alors que le cancer de l’ovaire est le sixième cancer le plus mortel chez les femmes en Australie, nos analyses ont révélé des facteurs de risque clés sur lesquels nous pourrions agir, estiment les auteurs. Il est possible que l’utilisation de la pilule contraceptive, en réduisant le nombre d’ovulations, puisse contribuer à prévenir ce cancer. Des recherches supplémentaires restent toutefois nécessaires pour identifier les meilleures stratégies de prévention."

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