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Intestin

Aliments transformés : votre microbiote est peut-être plus sensible aux additifs

Par Geneviève Andrianaly

Des chercheurs français ont élaboré un modèle de microbiote in vitro qui aide à prédire la sensibilité individuelle aux émulsifiants alimentaires grâce à un échantillon de selles.

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Certaines personnes auraient un microbiote plus sensible aux émulsifiants alimentaires, tandis que d’autres sembleraient en posséder un plus résistant aux impacts négatifs de ces additifs.
Un modèle de microbiote, développé en laboratoire par des chercheurs français, permettrait de prédire la sensibilité d’un adulte à un agent émulsifiant, via une analyse de ses selles.
D’après les auteurs, cette découverte ouvre la voie à une approche de nutrition personnalisée fondée sur le microbiote intestinal.

Lait végétal, glace, pain de mie, crème fraîche… Dans ces produits retrouvés dans les supermarchés et que l’on consomme, on retrouve des émulsifiants, un type d’additifs alimentaires, utilisés pour permettre de les conserver plus longtemps ou améliorer leur texture. Problème : ces substances perturbent directement le microbiote intestinal, favorisant ainsi l'inflammation intestinale chronique chez les souris. "Une étude contrôlée et randomisée (Functional Research on Emulsifiers in Humans, FRESH) a révélé que le carboxyméthylcellulose (CMC) avait également un impact négatif sur le microbiote intestinal chez certaines personnes en bonne santé, mais pas toutes", ont indiqué des scientifiques de l’Inserm, l’université Paris Cité et du CNRS, qui ont dirigé cette recherche. En clair, nous ne sommes pas tous égaux face aux aliments transformés.

Certains possèdent un microbiote très réactif aux émulsifiants présents dans les aliments transformés

Dans le cadre de nouveaux travaux, publiés dans la revue Gut, l’équipe a voulu établir une approche permettant de prédire la sensibilité d'une personne aux émulsifiants alimentaires en fonction de son microbiote de base. Pour cela, elle a mis au point un modèle de microbiote en laboratoire capable de reproduire le microbiote humain. Ensuite, les auteurs ont testé in vitro l’effet du carboxyméthylcellulose sur différents microbiotes. "Les métagénomes ont été analysés pour identifier les signatures de la sensibilité aux émulsifiants." Selon les résultats, l'exposition de microbiotes humains, maintenus à cet additif a récapitulé la sensibilité différentielle au CMC observée précédemment chez les participants de l’étude FRESH. Ainsi, un microbiote donné peut être soit sensible soit résistant à cet émulsifiant.

De plus, la sensibilité prédite d’un microbiote donné a pu être validée grâce à des approches de transfert de microbiote dans un modèle de souris, avec l’observation que seuls les microbiotes prédits sensibles aux agents émulsifiants étaient en effet capables de conduire à une colite sévère chez les animaux consommant du carboxyméthylcellulose. À partir d’échantillons de selles, les chercheurs ont constaté que "la perturbation du microbiote induite par les CMC était associée à une signature métagénomique de base".

Une piste pour une approche de nutrition personnalisée

D’après Benoit Chassaing, qui a dirigé cette récente recherche, ces découvertes pourraient être utilisées dans un futur proche afin de déterminer la sensibilité ou la résistance d’une personne à des agents émulsifiants, "et ceci afin de proposer à chacun un programme nutritionnel adapté. (…) Détecter cette sensibilité chez les personnes saines pourrait, de plus, permettre d’éviter la survenue de certains troubles intestinaux et chez les patients malades, d’empêcher la progression de la maladie ou d’en atténuer les symptômes."