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Essai clinique

Amyotrophie spinale : la stimulation électrique aide 3 malades à mieux marcher

Par Sophie Raffin

Trois personnes atteintes d’amyotrophie spinale ont vu leurs symptômes diminuer et leur capacité de marche s’améliorer après avoir bénéficié de séances de stimulation électrique des nerfs spinaux sensoriels pendant un mois.

AnnaStills/istock
Une nouvelle étude montre que la stimulation électrique des nerfs spinaux sensoriels améliorer la force musculaire des jambes et la marche chez les personnes atteintes d'amyotrophie spinale.
Un essai clinique a été réalisé avec 3 patients. Ils ont eu des séances régulières de neurostimulation pendant un mois.
Cette approche thérapeutique pourrait être utilisée pour d'autres maladies neurodégénératives.

L’amyotrophie spinale est une maladie génétique neurodégénérative rare qui se caractérise par une faiblesse musculaire pouvant conduire à une paralysie des membres, majoritairement inférieurs. Les personnes atteintes de cette pathologie ont peu de solutions thérapeutiques à leur disposition actuellement.

Les premiers résultats d’un essai clinique prometteur, mené par l’université de Pittsburgh, ouvrent la voie à un nouvel espoir. Trois patients atteints d’amyotrophie spinale affichent une amélioration de leur fonction des motoneurones, de leur force musculaire, mais également de leur marche après avoir bénéficié de séances régulières de stimulation électrique des nerfs spinaux sensoriels.

Ces travaux ont été présentés dans la revue Nature Medicine le 5 février 2025.

Stimulation de la moelle épinière : le score de marche amélioré de 20 mètres

Face aux différentes connaissances recueillies sur l’amyotrophie spinale et sa progression, les scientifiques ont avancé l’idée qu’une stimulation électrique ciblant la moelle épinière pourrait aider à restaurer la fonction des cellules nerveuses perdues en amplifiant les entrées sensorielles vers les motoneurones et en engageant les circuits neuronaux dégénérés, et par effet domino améliorer les capacités de mouvement des malades.

Pour vérifier cette hypothèse, trois volontaires atteints des formes les plus légères du trouble neurodégénératif ont été recrutés. Deux électrodes de stimulation électrique ont été implantées dans la région lombaire de chaque côté de la moelle épinière, dirigeant la stimulation exclusivement vers les racines nerveuses sensorielles. Les séances duraient quatre heures chacune et ont été réalisées cinq fois par semaine jusqu'au retrait de l’appareil 29 jours plus tard. Lors de cet essai, la force musculaire, la fatigue, les changements de démarche, l'amplitude des mouvements et la distance de marche, ainsi que la fonction des motoneurones des participants ont été mesurés.

Résultat : tous les patients ont augmenté leur score au test de marche de 6 minutes (une mesure de l’endurance musculaire et de la fatigue) et d’au moins 20 mètres. À titre de comparaison, l’amélioration moyenne lors d’un programme d’exercice comparable sans aide de la stimulation de trois mois est de 1,4 mètre.

"Ces gains fonctionnels se sont traduits par une amélioration de la fonction neuronale, notamment une augmentation de la capacité des motoneurones à générer des impulsions électriques et à les transmettre aux muscles", écrivent les auteurs dans leur communiqué.

Amyotrophie spinale : "J'ai une démarche un peu plus naturelle"

Doug McCullough, l’un des trois volontaires de l’étude, a témoigné des progrès qu’il a fait lors de cette thérapie de stimulation de la moelle épinière. L’homme qui avait des difficultés à marcher sur des surfaces lisses avant l’essai, explique "comme mes muscles fléchisseurs de la hanche sont si faibles, j'ai une démarche dandinante, mes hanches se balancent d'avant en arrière et je balance mes jambes sur le côté parce que je ne peux pas les relever". Il poursuit ensuite : "on pouvait clairement voir dans la vidéo que ma démarche s'était améliorée et que je marchais plus vite. J'avais une démarche un peu plus naturelle. Ce n'était pas encore complètement normal, mais c'était mieux qu'avant l'étude".

"L’amyotrophie spinale étant une maladie évolutive, les patients ne s’attendent pas à une amélioration de leur état au fil du temps. Mais ce n’est pas ce que nous avons constaté dans notre étude. Au cours des quatre semaines de traitement, les participants à notre étude ont vu leur état s’améliorer dans plusieurs domaines cliniques, notamment dans leurs activités quotidiennes. Par exemple, vers la fin de l’étude, un patient a déclaré pouvoir marcher de son domicile au laboratoire sans se fatiguer", ajoute Elvira Pirondini, co-auteure correspondante et professeure adjointe de médecine physique et de réadaptation à la Pitt School of Medicine.

Satisfaite de ces premiers résultats, l’équipe espère continuer ses recherches pour confirmer l’efficacité et la sécurité à long terme du traitement par stimulation électrique de la moelle épinière chez les patients atteints d'amyotrophie spinale. Elle avance également que "cette approche de la neurostimulation pourrait être largement appliquée pour traiter d’autres maladies neurodégénératives au-delà de l’amyotrophie spinale, telles que la SLA ou la maladie de Huntington, à condition que des cibles cellulaires appropriées soient identifiées au cours de recherches futures". Un autre point possible de nouvelles recherches.